à Lisbonne (Photo : Patricia de Melo Moreira) |
[31/03/2011 21:23:08] LISBONNE (AFP) Le président portugais Anibal Cavaco Silva a annoncé jeudi soir la dissolution du Parlement et la convocation d’élections législatives anticipées le 5 juin, qui auront lieu, selon lui, à un moment “critique” sur le plan économique et financier.
Après avoir réuni dans l’après-midi pendant plus de trois heures le conseil d’Etat, un organe consultatif composé des plus hautes personnalités de l’Etat, le président a annoncé sa décision au pays dans une allocution télévisée.
Il a par ailleurs accepté la démission du Premier ministre socialiste José Socrates, désavoué la semaine dernière par le rejet au Parlement d’un nouveau programme d’austérité de son gouvernement minoritaire.
L’action de l’exécutif sera donc limitée à la gestion des affaires courantes, mais celui-ci pourra néanmoins prendre les “mesures nécessaires à la conduite du pays” a-t-il déclaré, alors que la pression des marchés financiers s’est fortement accentuée ces derniers jours, poussant davantage le pays à solliciter une aide extérieure.
Dans la journée, le ministre des Finances Fernando Teixeira dos Santos avait estimé que le gouvernement démissionnaire n’avait pas la “légitimité” pour négocier un tel plan de sauvetage, tandis que le Fonds monétaire international confirmait que le Portugal n’avait fait aucune demande d’aide.
Dans son discours, M. Cavaco Silva a évoqué la “situation extrêmement grave du pays en raison du déséquilibre des comptes publics, de l’endettement extérieur et des besoins de financement de l’Etat”. Et il a appelé à ce que les élections “créent des conditions favorables à la négociation et au compromis entre les différentes forces politiques”.
Réélu le week-end dernier à la tête du Parti socialiste, M. Socrates a d’ores et déjà annoncé qu’il mènerait la bataille des élections face à Pedro Passos Coelho, leader de l’opposition de centre-droit, dont le parti est actuellement en tête dans les sondages.
éficit public et de la dette publique du Portugal de 2007 à 2010, avec prévisions pour 2011 |
Le Portugal a enchaîné cette semaine une série de mauvaises nouvelles sur le front économique et financier: dégradations successives des agences de notation, contraction de l’économie cette année plus forte que prévue (-1,4% du PIB) et un déficit de 2010 revu nettement en hausse, à 8,6% du PIB.
Dans la foulée, les taux d’intérêt des emprunts portugais à 10 ans ont battu jeudi un nouveau record depuis l’entrée du pays dans la zone euro, s’envolant à à 8,304% vers 16H50 GMT, contre 8,000% la veille en clôture.
Face à la hausse des coûts de financement imposés au Portugal, analystes et agences de notation s’inquiètent de la solvabilité du pays, qui doit rembourser 9 milliards d’euros de dette d’ici à la mi-juin.
Mardi encore, M. Socrates se disait toujours “très déterminé” à ne pas faire appel à une aide extérieure, tout en reconnaissant que la situation s’était “aggravée”.
Pour surmonter les échéances à venir, le pays pourrait en outre recourir à des “instruments de financement de substitution” qui passeraient, selon la presse, par “des placements privés, des emprunts directs auprès de banques ou des investissements d’autres pays” tels que la Chine ou le Brésil.
Malgré ce contexte difficile, l’agence portugaise de la dette, qui compte par ailleurs émettre jusqu’à 7 milliards d’euros de dette à court terme au cours du deuxième trimestre, a annoncé pour vendredi une “émission extraordinaire” d’obligations à un an visant à lever 1,5 milliard d’euros.