Tunisie : Assemblée constituante, un déficit d’information à combler

consitution-1.jpgLes Tunisiens ont-ils une idée sur ce que c’est une Assemblée constituante? Qui doit la mettre en place, qui doit rédiger les textes de la nouvelle Constitution?

Mediascan a réalisé une enquête entre le 12 et le 17 mars 2011 ayant couvert tout le territoire national. L’étude, qui a porté sur la Constituante, a touché 1.351 individus représentatifs de la population tunisienne, âgés d’au moins 18 ans. D’après le bureau d’étude, la marge d’erreur est de 1,5%.

Les résultats de l’étude ont montré que 96%, soit 1.289 parmi les personnes interrogées, hommes et femmes, ont entendu parler de l’Assemblée constituante. Concernant les catégories socioprofessionnelles, il apparaît que les classes sociales favorisées sont plus édifiées que les autres. 98% sont assez bien éclairées; pour ce qui est des catégories d’âge, ce sont les 18/20 ans qui sont les moins au courant.

Dans les régions du Nord (Tunis, Cap Bon, Bizerte, Nord-ouest) et le Sud-ouest, le pourcentage des personnes informées à propos de l’Assemblée constituante est de l’ordre de 100% alors qu’à Sfax et au Sud, on est légèrement en dessous avec respectivement 82% et 90%.

A la question relative au rôle de l’Assemblée constituante, 82% prétendent connaître la réponse, soit 1.049 des 1.351 personnes sondées. Les hommes ont une plus grande maîtrise de la thématique que les femmes et les classes sociales supérieures sont plus instruites en la matière.

Toujours d’après Mediascan, ce sont les 30-39 ans qui déclarent connaître le rôle de l’Assemblée constituante à hauteur de 88% contre près de 80% pour les autres tranches d’âges. Pour 42% des personnes questionnées, le rôle de l’Assemblée constituante est la conception d’une nouvelle Constitution, pour 3%, la révision de la constitution et pour 57%, la première tâche de l’Assemblée est redéfinir la Constitution. 25% considèrent, par ailleurs, que l’Assemblée doit soutenir la révolution et être la porte-parole du peuple; pour 16%, son rôle serait d’améliorer la situation actuelle du pays et protéger les citoyens, pour 15% c’est préparer les élections, pour 8% réformer et améliorer la vie politique et pour 4% surveiller le gouvernement.

Pour ce qui est des personnes qui doivent faire partie de l’Assemblée constituante, les résultats de l’enquête indiquent que la moitié de la région du Sahel et le gouvernorat de Sfax ne connaissent ni le rôle de l’assemblée ni les personnes qui peuvent en faire partie. 850 individus, soit 66% de l’échantillon, prétendent le savoir. 48% estiment que ce sont des juristes et des avocats, 32% des hommes politiques, des ministres et des partis politiques, 11% des citoyens. Les enquêteurs ont relevé que pour le Nord-ouest, ce sont les avocats et les juristes ensuite les gens instruits qui doivent composer l’Assemblée; à Sfax, ce sont les ministres et ensuite les citoyens; au Sud-ouest, les citoyens, les avocats et juristes, et des personnes indépendantes des partis politiques.

Pour ce qui est de la date de la tenue des élections, 75% disent la connaître, quant à la tenue de l’élection présidentielle, 5% disent la connaître la date, et parmi ces 5%, 80% donnent le 24 juillet pour l’élection d’un président de la République. D’autre part, 39% de l’échantillon global disent ne pas connaître la date de l’élection présidentielle et 56% déclarent qu’elle n’a pas été encore définie.

Concernant le mode de scrutin, 35% des personnes questionnées préfèrent le scrutin de liste et 65% par noms. Au Grand Tunis 57% sont favorables à un scrutin de liste suivi du Sahel où 47% approuveraient ce mode de scrutin. On réalise également que plus on appartient à une classe sociale élevée moins on opte pour le mode de scrutin de nom.

L’enquête de Mediascan fait remarquer la forte présence du corps des avocats au niveau des opinions et des positions des personnes interviewées. Ce qui reflète l’impact d’une très grande présence des avocats sur les plateaux de télévision et les radios tout au long de la période d’après la révolution. Alors que les politiciens portant les orientations du pays et la vision de son avenir doivent être assistés par des hommes de loi pour concevoir la nouvelle Constitution, dans l’esprit de l’ensemble de la population, ce sont les juristes qui assument la plus grande responsabilité pour ce qui est de l’élaboration de la nouvelle Constitution.

——————-