Pour convaincre les frondeurs de l’usine de chaussures de sécurité
JAL de se
calmer, il a fallu, malgré la présence des forces de police et l’armée, faire
appel à l’imam de la mosquée de Menzel Bourguiba. Il est venu discuter et
négocier avec les contestataires.
Ceci n’est pas un fait isolé, partout sur le territoire national, nous assistons
à des scènes qui rappellent les débuts de l’emprise islamiste en Algérie. Des
jeunes qui délogent les imams, d’autres qui, à Djerba, vont jusqu’à interdire
aux «imams abadhites» qui sont aussi Tunisiens que tous les autres et bien
entendu musulmans, l’accès aux mosquées sunnites et d’autres qui distillent à
petites doses bien préparées des idées assassines atteignant dans son essence
même un pays connu pour sa tolérance, son ouverture et sa capacité à accepter
l’autre et coexister avec lui. A quand l’interdiction aux femmes de circuler
dévoilées ou de ne plus conduire?
Dans l’attente, les pouvoirs publics font preuve d’un attentisme dangereux par
rapport à ces pratiques qui touchent même certaines administrations et
entreprises privées au sein desquelles les discussions virent au vinaigre dès
qu’il s’agit de l’application de la «chariaâ» ou de la suprématie du droit
positif… Parfois, dans un signe de menace, un des employés lève la main en
disant attendez que «Rached Ghannouchi» prenne le pouvoir, vous verrez ce que
nous ferons de notre Tunisie.
Comme si la Tunisie appartenait uniquement aux sympathisants Islamistes, ceux
des partis d’extrème gauche, lesquels au nom de la liberté, ont transformé
l’avenue Habib Bourguiba et les grandes artères alentours en des pseudos souks,
occupant trottoirs et débordant parfois sur la chaussé, au vu et au su des
agents de police et en l’absence de municipalités et police municipale. Sans
oublier les mendiants dont le nombre a quintuplé, portant atteinte à l’image de
la Tunisie et rappelant d’autres sites sous d’autres cieux…
L’Avenue Habib Bourguiba, dont les cafés ne désemplissent pas. Remplis de
chômeurs ou de fonctionnaires qui, eux également, au nom de la liberté, boudent
leurs bureaux pour occuper cafés et lieux publics pour revenir ensuite
revendiquer l’amélioration de leurs situations. Dans le cas du ministère de
l’Enseignement supérieur, les employés ont imposé à l’Administration le départ à
16h sous prétexte qu’il n’y a pas de sécurité. L’administration a obtempéré…
C’est quoi cette nouvelle Tunisie dans laquelle, non seulement on revendique le
droit au travail mais on ne travaille pas lorsqu’on a un emploi…
La liberté, est-ce toujours revendiquer, n’est-ce que des droits, jamais des
obligations, jamais des devoirs?
Pendant ce temps, la majorité des Tunisiens, habitués à vivre dans leur propre
monde, ont repris leurs vieilles habitudes et discutent de tout et de rien chez
eux ou avec des amis proches et des collègues de bureau. Cela nous rappelle une
autre époque, pas très lointaine…
Eh oui, chasse le naturel….