Et si c’était notre ministère de l’Intérieur qui résoudrait un problème
insoluble dans le monde: le voile des femmes musulmanes? Nous connaissons tous
les problèmes soulevés par le port du voile en Europe, et un grand coup vient
d’être ainsi frappé chez nous pour banaliser définitivement la chose.
“Le 31 mars, le ministère de l’Intérieur a annoncé qu’il autorisera
prochainement la délivrance d’une carte d’identité nationale aux femmes qui
portent le voile dans leurs photos d’identité“, dit le communiqué (et il est
noté que le ministère avait autorisé, depuis le 12 février dernier, la
délivrance d’une carte d’identité nationale comportant des photos d’identité de
personnes barbues).
Voilà, c’est fait… Une liberté comme une autre… L’effet de la Révolution…
Et, SVP, ne prenons pas cette décision à la légère, car si certains diront que
voici une autre manche remportée par les islamistes, les plus lucides d’entre
nous diront que voilà une source de tension désamorcée. C’est aussi simple que
cela en a l’air… et nous ne serions pas étonnés que les Européens, qui ont les
yeux singulièrement braqués sur tout ce qui se passe en Tunisie depuis la
Révolution, en prennent de la graine! Le ministère de l’Intérieur copié par les
Européens? On pourrait avoir des surprises.
D’ailleurs, le ministère de l’Intérieur ne semble pas uniquement une source
d’inspiration pour l’étranger. Le Premier ministre Béji Caïd Essebsi auquel il
faut rendre cette justice qu’il apprend vite, vient de le prouver. Quand il a
été questionné sur la situation sécuritaire en Tunisie par les trois
journalistes des télés nationales il y a trois jours, il a repris, pratiquement
mot-à-mot, les appréciations d’un communicateur professionnel, Néji Zéiri,
chargé de l’information du ministère de l’Intérieur et son porte-parole de
facto: La situation sécuritaire est bonne mais pas encore ‘normale’. Une formule
nuancée portant les messages qu’il faut, aussi bien pour rassurer que pour
garder l’œil ouvert. Le ministère de l’Intérieur copié par BCE? On n’est jamais
trop âgé pour apprendre des choses.
Le même 31 mars, Foued Mebazaa a décidé de nommer Farhat Rajhi président du Haut
comité des droits de l’Homme et des libertés fondamentales. Qui aurait cru
possible le parallèle entre le ministère de l’Intérieur et les droits de l’homme
en Tunisie, au point que ses fonctionnaires passent simplement d’un côté à
l’autre?