Du 3 au 7 avril 2011, le tourisme tunisien reçoit 16 journalistes de la presse écrite algérienne pour découvrir la Tunisie d’après la révolution. L’objectif de l’opération est de réconforter une clientèle fortement attendue pour sauver ce qui peut l’être de la saison 2011. Accusant une baisse de 33% de janvier à février 2011, le marché fait le plus gros de son volume durant l’été. Sur les frontières, on observe pourtant un timide retour de trafic.
A Annaba, le directeur de l’agence Zoghbi Voyages déclare travailler d’arrache-pied avec ses partenaires tunisiens pour présenter l’offre la plus attractive possible mais aussi informer et rassurer sa clientèle: «Il est trop tôt pour être affirmatif. Le plus gros de nos réservations se fait en dernière minute. Il faut rassurer les clients et les informer sur la situation en Tunisie».
Sami D. est propriétaire d’un hôtel à Tabarka. Selon ses clients fidèles parmi les opérateurs algériens, «les Algériens veulent faire un record cet été. Les agents de voyage sont mobilisés et espèrent une bonne saison. Les Algériens comptent venir en grand nombre pour soutenir la Tunisie. Il y a de la mobilisation pour des arrivées de mi-juin à fin juillet».
Et justement, l’enjeu est d’élaborer une stratégie pour que nos voisins de l’ouest viennent absolument en masse cet été sauver une partie de la saison estivale. Faire en sorte qu’ils décident de passer Ramadhan ou du moins une partie du mois saint en Tunisie, c’est le second défi. Pour cela, il suffirait d’anticiper leurs besoins et le leur faire savoir.
A moitié algérienne, la publiciste Rym Hachicha Othmani s’interrogeait il y a quelques temps: «Pourquoi il n’y a pas de bars rai, pas de résidences hôtelières, pas de centres de camping dont raffolent les Algériens et qui sont une véritable institution chez eux…?» L’objet est bien entendu ne pas revoir ici et maintenant toute l’approche, mais bel et bien mettre en place ce qu’il faut d’offres et de communication pour ne pas rater le rendez-vous fatidique de l’été 2011.
Le camping, vecteur de développement du tourisme algérien, pourrait être considéré comme un nouvel axe à promouvoir. Rapide et peu onéreux, celui-ci pourrait être rapidement mis en place et apporterait de l’innovation tout en interpellant un nouveau segment de clientèle algérienne.
Cadre à l’ONTT, Karim Jatlaoui est formel. La piste de ce marché est celle qui est le plus à investir. Pour lui, il ne fait aucun doute que des actions immédiates et courageuses donneraient rapidement les résultats escomptés. «Réduire les tarifs des vols aériens pour viser une autre catégorie d’Algériens qui n’ont pas forcément l’habitude de venir dans notre pays, envisager une présence massive avec une vaste campagne promotionnelle et encourager les agences de voyage tunisiennes à assurer les transferts directs en profitant des bonnes relations que nous avons avec l’Algérie…».
Au lendemain de sa prise de fonction, le Premier ministre Béji Caïd Essebsi s’était rendu en Algérie pour rassurer et expliquer la situation en Tunisie. Ce déplacement avait été accueilli positivement par les Algériens.
Depuis quelques années, ceux–ci sont perçus comme “les sauveurs” de la saison touristique, et les enjeux liés à leur présence sur le territoire tunisien sont importants. Le touriste algérien dépense autour de 500 dollars par semaine, pratiquement 3 fois plus qu’un touriste européen.
La Tunisie reste la destination préférée des touristes algériens. Leur nombre atteint 1,2 million chaque année. Reste à savoir que ce ne sont pas seulement les facilitées d’accès qui font que les Algériens viennent massivement dans notre pays. Leur affluence s’explique par les similitudes culturelles entre les deux peuples, la non-imposition de visa, les prix accessibles et la proximité des frontières. Alors espérons qu’Algériens et Tunisiens vivront au mieux cette saison estivale 2011 qui aura, sans aucun doute, un goût particulier.