A Hanovre, des PME françaises complexées en quête de débouchés à l’export

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Une vue de la foire industrielle de Hanovre le 4 avril 2011 (Photo : Patrick Lux)

[05/04/2011 06:55:13] HANOVRE (Allemagne) (AFP) Les PME françaises présentes à la Foire industrielle de Hanovre (nord) espèrent se faire une place au soleil sur les marchés à l’exportation, s’inspirant de leurs concurrentes allemandes championnes en la matière.

La France est le pays partenaire de la manifestation cette année et plus de 220 exposants, PME pour la plupart, y exposent leurs produits.

Pour JefMag, c’est le tout premier salon. La société fabrique des pièces en tôle servant à la construction de tracteurs ou pelleteuses. Sur ses 18 millions de chiffre d’affaires, quelque 3% sont réalisés à l’export, avec un seul client allemand.

“A terme, notre vision c’est d’arriver à 15% ou 20%”, déclare son patron Emmanuel Delestree.

A l’instar de beaucoup de PME françaises, vendre à l’étranger n’a jusqu’ici pas été une priorité pour JefMag, qui emploie 150 personnes en Vendée.

“Le nombre de PME françaises qui exportent est absolument ridicule”, relevait récemment Christophe Lecourtier, directeur général d’Ubifrance, structure accompagnant les entreprises françaises à l’étranger. Il évoque un chiffre d’une sur vingt.

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çais François Fillon à la foire de Hanovre le 4 avril 2011 (Photo : Patrick Lux)

Une part que la France veut accroître, pour faire jouer ses entreprises dans la même cour que le Mittelstand allemand, ce tissu de PME très spécialisées, tournées vers l’export, et tant célébrées par le personnel politique français.

Pour Pierre Kuchly, patron du fabricant d’électrovannes ERA SIB, il y a du mieux : “Il y a 25 ans, j’étais le seul Français sur un salon, ce n’est plus le cas”.

Mais selon lui, faire des PME françaises les dignes concurrentes de leurs homologues allemandes implique de “revoir tout le système français”. Et notamment la perception du public, uniquement préoccupé des grands groupes. “On a l’impression que quand Renault va, tout va, alors que ce sont nous qui créons les emplois”, déplore-t-il.

Ces grands groupes de leur côté ne font pas rejaillir sur leurs fournisseurs et sous-traitants leurs propres succès à l’export, par exemple en les emmenant sur des salons, analyse M. Lecourtier, d’Ubifrance. Les Allemands si.

“Les Allemands ont vraiment une notion de chaîne de valeur, avec une implication du fournisseur”, constate aussi M. Delestree.

La plupart des acteurs présents à Hanovre doivent leur présence à un accompagnement, logistique et financier, par Ubifrance et, souvent, par des structures régionales.

“Sinon on ne pourrait pas venir”, note Jean-Pierre Parent, qui dirige un atelier de mécanique de 15 personnes non loin de la frontière belge.

Chez JefMag, ce sont des prêts et subventions publiques qui ont permis de se lancer dans l’aventure à l’étranger. Une personne prospecte dorénavant à temps plein le marché allemand. “Et tout cela ne rapportera rien avant 2013”, prédit M. Delestree.

Alors qu’elles cherchent leur place sur le marché, beaucoup de PME françaises souffrent d’un complexe d’infériorité, notamment vis-à-vis des Allemands.

“Quand on fait un, l’Allemand fait dix”, commente, un peu désabusé, M. Parent.

“Vendre le made in France, c’est difficile”, analyse Patrick Limbach, directeur de la filiale allemande de Socomec, grosse PME alsacienne qui fabrique des appareillages électriques. “La France c’est le pinard, le parfum”, mais dans l’industrie, “c’est presque un handicap de communiquer sur le fait d’être français”.

Socomec, qui réalise environ 70% de ses 375 millions d’euros de chiffre d’affaires hors France, préfère insister sur son identité alsacienne, qui l’a aidé à s’implanter en Allemagne, et sur son caractère international. Et occupe d’ailleurs un stand à part sur le salon.