Nous avons vu comment le Premier ministre du gouvernement de transition,
Béji
Caïd Essebsi a construit son programme sur une communication «agressive». Voici
les deux autres éléments de son plan d’attaque: le retour de la sécurité et la
relance de l’économie.
A côté de la communication, qui prend toujours la forme d’une prise à témoin,
pour mettre chacun devant ses responsabilités, le Premier ministre de transition
ne manque pas d’agir au niveau de la sécurité.
Il prend la décision de procéder à la nomination, à cinq jours d’intervalle, à
des postes-clefs deux hommes du terroir adoptés par le personnel de sécurité
intérieure (le premier à la tête du ministère de l’Intérieur, le second à la
tête de la Police) et en expliquant, de surcroît, à la suite de sa première
nomination, et à qui veut l’entendre «qu’il ne veut partager son mandat avec
personne».
Tout le monde a remarqué du reste que la police est revenue depuis quelques
jours sur le terrain et que ses interventions se font plus efficaces et plus
rapides. Les journaux télévisés sont ponctués de communiqués du ministère de
l’Intérieur annonçant l’arrestation de bandes organisées et de malfrats.
Béja Caïd Essebsi s’est fait sien le crédo suivant: les citoyens ont droit de
manifester librement et en toute circonstance, ils n’ont pas, toutefois, le
droit d’empêcher d’autres citoyens de travailler encore moins de bloquer
l’appareil de production. Pour cela, il pense de ce point de vue qu’il a la loi
de son côté ainsi que son souhait d’assumer pleinement sa responsabilité qui
consiste à faire aboutir l’élection de la Constituante et à ne pas réduire les
chances de l’économie à zéro.
Sur le terrain particulier de la sécurité, le Premier ministre du gouvernement
de transition croit dur comme fer que rien ne pourra être entrepris de valable
si la sécurité n’est pas assurée. La reprise de l’activité économique dépend, en
effet, pour beaucoup de la sécurité. Idem pour l’organisation de l’élection de
la Constituante, le 24 juillet 2011.
La prunelle de ses yeux
M. Caïd Essebsi tient à ce rendez-vous comme la prunelle de ses yeux sachant
pertinemment que le respect de cette échéance favorisera un autre climat dans le
pays: le résultat des urnes fera taire plus d’un empêcheur de tourner en rond.
Cela dit, le Premier ministre du gouvernement de transition n’est pas
probablement loin de penser que ceux qui souhaitent empêcher l’organisation de
cette élection se recrutent parmi ces mouvements qui «ne rempliraient pas un bus
avec leurs adhérents». De toute façon, tout ajournement peut ouvrir la voie à
d’autres ajournements.
Troisième terrain d’intervention de M. Caïd Essebsi, celui de l’économie. Il n’a
pas manqué dans son intervention du mercredi 30 mars 2011 d’annoncer que le
gouvernement présentera un ensemble de mesures pour relancer l’économie. Ce qui
sera fait du reste 48 heures après. En effet, présentées le vendredi 1er avril
2011, ces mesures ont réservé une place de choix aux aides sociales et aux
régions.
Dix-sept mesures pour rassurer sur le fait que le gouvernement a bien compris le
message de la jeunesse et qu’il est conscient des pressions et des priorités.
Des pressions qui ne sont pas des moindres notamment avec l’opacité qui
distingue le déroulement de la Révolution en Libye, notre voisin du sud-est.
Le Premier ministre du gouvernement de transition réussira-t-il, cependant, à
tirer le pays d’affaire? Rien n’est moins sûr. Mais l’homme pense, probablement,
qu’il n’a d’autre choix que celui d’agir étant donné la situation
–catastrophique- dans laquelle se trouve le pays.