Les chiffres annoncés par le ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle sont de quoi choquer certains et indigner d’autres. Mais il n’en est rien. Avec le tourisme qui peine à redémarrer et des entreprises qui ferment, c’est un schéma très réaliste. On aurait 700.000 chômeurs aux trousses, d’ici quatre mois.
Face à ce chaos en perspective, on peut critiquer voire dénoncer les programmes annoncés par le gouvernement provisoire…
Le programme d’urgence du ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle prévoit essentiellement la création de nouveaux postes d’emplois dans les secteurs public et privé et à l’étranger. La fonction publique en accueillera 20 mille en 2011 (juillet prochain), promet-on. Saïd Ayedi, ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, précise que les résultats de concours seront annoncés avant fin juillet 2011.
De leur côté, les entreprises publiques et le secteur sont “chargés“ de créer 20 mille nouveaux emplois supplémentaires. Cela se fera à travers le renforcement de l’investissement et du partenariat avec l’Etat. Et un programme de formation certifiante est en cours d’élaboration au profit des diplômés du supérieur. Il a pour but leur intégration dans les entreprises exportatrices opérant dans le secteur des technologies de la communication.
Appel à la société civile…
Dans le cadre du partenariat entre le secteur public et le secteur privé, le ministère étudie actuellement une trentaine de projets, où la priorité sera accordée selon les spécialités, la période de chômage et le statut social.
Pour le ministre, l’emploi étant l’affaire de tous, il lance donc un appel à toutes les parties concernées pour mobiliser leurs efforts afin de contribuer à la création d’emplois. «La porte est ouverte pour la société civile, les associations et les bailleurs de fonds», souligne M. Ayedi.
Concernant l’emploi à l’étranger, le ministre indique qu’il est important de réactiver les accords signés avec certains pays tels que la France, l’Italie, le Canada, l’Australie, lesquels accords sont restés lettres mortes sous l’ancien régime. Des blocages existeraient du côté des pays de réception. On estime à 5.000 le nombre d’emplois qui pourraient être générés.
Le programme d’urgence prévoit aussi de développer la création d’entreprises, une mesure dénoncée par certains journalistes comme étant héritée de l’ancien régime. Soulignons toutefois que ce programme vise accompagner les jeunes promoteurs dans les différentes étapes de réalisation des projets à travers des mesures de soutien, telle que la formation complémentaire technique ou de gestion. Après la mise en place dudit projet, le jeune promoteur bénéficiera de deux années d’accompagnement.
Préserver l’emploi…
D’un autre côté, il s’agit de préserver les emplois existants dans les entreprises qui connaissent des difficultés économiques. Des mesures ont été prises au profit des employés travaillant dans le commerce de distribution, dont la période de chômage technique dépassera les six mois.
Ils sont 2.000 qui pourraient suivre des stages de formation afin de sauvegarder leur productivité; une mesure qui sera généralisée pour englober 15.000 bénéficiaires dans 300 entreprises, dans une première étape. La seconde étape concernera l’évaluation des dégâts dans le secteur du tourisme et autres secteurs.
Toujours dans cette optique, des mesures fiscales au profit des chefs d’entreprise. L’Etat se chargera de la cotisation patronale totale ou partielle dans la sécurité sociale au profit des ouvriers concernés par la réduction des heures de travail ou en chômage technique. 50% des dégâts dans les entreprises endommagées seront pris en charge par l’Etat.
En outre, l’impôt sur les sociétés (IS) au titre de l’année 2010 a été reporté. Parallèlement, deux points de l’intérêt sur les crédits dont la période de remboursement ne dépasse pas cinq ans ainsi que les crédits dédiés à la reconstruction seront à la charge de l’Etat.
Intérêt pour les régions…
La recherche dynamique de l’emploi est aussi l’un des axes majeurs du programme d’urgence. Elle prévoit des opérations de coaching, des stages de formation, des opérations de reconversion pour les spécialités difficiles à intégrer et des stages dans les entreprises publiques et privées, les organismes professionnels et les associations.
A noter que 10 mille diplômés du supérieur pourront bénéficier d’opportunités de formation durant une année dont l’objectif est de les préparer pour les concours d’accès à la fonction publique, prévus en 2012. Le programme Amal est le principal fer de lance du cette mesure. Jusque-là, 127 mille dossiers ont été reçus pour 50 mille places disponibles ou prévues.
Concernant les 200 dinars accordés aux chômeurs-diplômés, M. Ayedi l’a réitéré: il ne s’agit pas d’une bourse mais d’un contrat de recherche active de l’emploi.
Quant aux mécanismes mis en place par l’ancien régime mais contestés par les demandeurs d’emploi parce qu’ils profitent plutôt aux entreprises, le ministre a précisé qu’ils feront l’objet d’évaluation pour déceler les principales défaillances.
Par ailleurs, les critères de sélection pour le CAPES seront révisés et axés sur les compétences et les régions défavorisées.