Comment faire pour ne pas s’apercevoir que la réalité nationale a radicalement
changé après la Révolution? Le secteur public semble, bizarrement, avoir la
réponse… avec au moins deux preuves: le service TAPmobile et la télévision
nationale!
Avez-vous vu la réclame sur le service d’information par SMS créé par l’Agence
Tunis-Afrique presse (TAP)? En gros, on assure que l’abonné à ce nouveau service
(payant, à 15 dt par trimestre) recevra les dernières informations, sous forme
concise mais en temps réel, avant que ces informations ne soient reprises par
les différents médias.
Il y a quatre mois, l’Agence lançait ce nouveau produit de diffusion
d’informations-alertes par SMS… et nous venons de le tester en trois jours.
Une période au cours de laquelle nous n’avons reçu qu’une petite demi douzaine
d’infos alors que les événements ne faisaient que se précipiter à tous les
niveaux dans une profusion extraordinaire. Evidemment dans le domaine politique
mais aussi économique, social, culturel, sportif… ces événements n’ont eu
aucun écho dans ce service payant!
Le tout se passe comme si la mentalité de monopôle persistait au sein de la TAP
malgré le tsunami qui a balayé la vie politique en Tunisie. ”Nous sommes la
seule agence, nous avons les plus gros moyens, nous faisons ce que nous
voulons”, semble être sa réponse à ce qui se passe depuis le 14 janvier alors
qu’un abonné à ce service cherche la différence, la manière d’être mieux informé
(qualitativement et quantitativement)… Ce style télégraphique ne disant que
l’essentiel est pourtant dans l’esprit du temps; là où les échanges sur le
réseau Twitter ont donné un nouveau modèle: 140 caractères, juste la
quintessence pour se tenir informé!
Nous n’allons pas en rajouter mais passer à un court commentaire sur la
télévision nationale qui paraît aussi ne pas voir que les règles ont changé du
tout au tout après la Révolution. Et avec un seul exemple qui pourrait tout
résumer: le journal télévisé des chaînes nationales.
Exactement le même qu’il y a 10 mois ou 10 ans, sans jeter un coup d’oeil à la
tendance qui s’est installée partout sur les télévisions à l’étranger… et même
en Tunisie. Que ce soit Al Jazeera (Qatar), CBS (USA) ou Nessma (Tunisie)…, la
recette fleurit de manière naturelle: 1-La plupart des sujets sont très courts;
2- Deux ou trois sujets plus longs; 3- Un commentaire tout de suite après chaque
sujet (même ceux qui sont très courts) pour expliquer les enjeux aux
téléspectateurs, là où des”commentateurs” accompagnent en permanence le
”présentateur” principal et font un effort de vulgarisation qui enrichit la
compréhension.
La télévision n’est pas un exercice de style, c’est un service (notamment
d’information) qui s’adresse à des êtres humains dont il faut garder l’intérêt
et qu’il faut retenir, sinon ils iront ailleurs. Et que l’information soit
actuellement très riche en rebondissements dans notre pays ne signifie
aucunement que nous devons prendre de mauvaises habitudes!
