Après une hausse attendue des taux de la BCE jeudi, suspens sur la suite

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ège de la Banque centrale européenne à Francfort sur le Main en Allemagne (Photo : John Macdougall)

[06/04/2011 08:33:03] FRANCFORT (Allemagne) (AFP) Une hausse du taux directeur de la Banque centrale européenne (BCE) jeudi, la première depuis près de trois ans, paraît inéluctable aux yeux des économistes pour qui la question est désormais de savoir jusqu’où la BCE ira d’ici la fin de l’année.

Après plusieurs baisses successives pour aider la zone euro à surmonter la crise, le taux directeur de la BCE est fixé à 1% depuis mai 2009, son niveau historique le plus bas.

Mais, redressement économique et poussée inflationniste obligent, son président Jean-Claude Trichet a annoncé début mars une “possible” augmentation du taux en avril, lors de la réunion mensuelle de la BCE sur les taux à Francfort (ouest), son siège.

“Ni l’instabilité politique en Afrique du Nord et au Proche-Orient, ni le tremblement de terre et la crise nucléaire au Japon, ne semblent avoir changé l’état d’esprit des banquiers centraux” depuis, constate Carsten Brzeski, d’ING.

D’autant qu’en mars, les prix ont progressé de 2,6% en zone euro, dépassant pour la quatrième fois consécutive l’objectif de moyen terme de la BCE d’une inflation proche mais sous 2%.

Il y aura donc hausse du taux directeur et vraisemblablement de 25 points de base, à 1,25%, tablent les économistes, qui estiment que de deux à trois nouvelles augmentations devraient suivre.

Thorsten Weinelt, de UniCredit, s’attend à ce que M. Trichet donne jeudi, lors de la conférence de presse qui suit la réunion du conseil des gouverneurs, des indications sur leur calendrier. Son vocabulaire sera donc scruté à la loupe.

Selon qu’il promette de “surveiller très étroitement” l’inflation, ou bien simplement de la “contrôler étroitement”, les observateurs jaugeront la probabilité d’un nouveau tour de vis en mai, en juin ou même seulement en juillet.

Les économistes de Capital Economics ne s’attendent toutefois pas à “un resserrement agressif” de la politique monétaire de la BCE.

Au final, son taux directeur devrait terminer l’année à 1,75% voire 2% , prédisent la plupart de leurs confrères, unanimes sur l’inéluctabilité de ce relèvement.

Ils sont en revanche partagés sur l’opportunité d’une première hausse dès avril.

Ainsi, sur quinze analystes interrogés par le quotidien allemand Handelsblatt, seuls trois la jugent opportune, comme Jörg Krämer, de Commerzbank, selon qui “l’économie de la zone euro ne va plus mal au point de justifier un taux directeur de seulement 1%”.

Mais pour Erik Nielsen, de Goldman Sachs, “une hausse des taux maintenant présente un risque qu’on ne devrait en principe pas prendre”.

Ce risque, il est pour les Etats les plus endettés de la zone euro, qui pourraient ne pas pouvoir supporter cette hausse, même légère, du loyer de l’argent.

Dans des pays comme l’Irlande ou le Portugal, elle “va peser sur les emprunteurs, mais aussi sur le marché du logement et le système bancaire”, estime Thorsten Weinelt.

Ces économies pourraient souffrir “d’une période prolongée de stagnation et de récession”, selon Capital Economics, qui juge que cela pourrait même accroître pour certaines le danger d’une restructuration de la dette.

La BCE est toutefois encore loin de l’abandon de son mode gestion de crise. Elle a ainsi prolongé jusqu’en juillet ses mesures exceptionnelles en faveur des banques, qui pourront continuer à lui emprunter à court et moyen terme à des taux fixes des montants illimités.

En revanche, elle cherche de toute évidence à mettre fin à son programme de rachats d’obligations publiques sur le marché secondaire lancé au printemps dernier, note Peter Vanden Houte, d’ING. Lundi, elle a encore annoncé qu’elle n’avait procédé à aucun rachat la semaine passée.