éou arrive à Bruxelles pour un sommet européen le 24 mars 2011 (Photo : Georges Gobet) |
[06/04/2011 12:50:17] ATHENES (AFP) Les bailleurs de fonds de la Grèce examinent mercredi à Athènes avec le gouvernement les perspectives budgétaires d’ici 2015, sous la pression d’une partie des marchés qui parient désormais sur un défaut de paiement du pays, malgré les démentis officiels et le soutien du FMI.
Comme dans la mythologie grecque, où les Danaïdes, les 50 filles du roi Danaos sont condamnées en Enfer à remplir sans fin un tonneau sans fond après avoir tué leurs maris, le gouvernement grec apparaît condamné à encore augmenter l’effort d’austérité pour parvenir au but qu’il s’est fixé: un déficit réduit à 1% du PIB en 2015, contre environ 10% en 2010.
En effet, l’ampleur du déficit budgétaire de la Grèce pour 2010 va être encore révisée à la hausse, après la découverte de pertes de 500 millions d’euros des caisses publiques de retraite, au lieu d’un excédent de 900 millions prévu, selon la presse.
Le gouvernement grec a déjà reconnu que le trou de 2010 serait supérieur au 9,4% du PIB attendu. Les chiffres seront officialisés par Eurostat le 26 avril.
Sans attendre, les discussions mercredi avec la “Troika”, qui réunit les trois principaux bailleurs de fonds du pays (Commission Européenne, Banque Centrale Européenne et Fonds Monétaire International), “doivent porter sur l’avant-projet de budget triennal”, a indiqué à l’AFP une source ministérielle ayant requis l’anonymat.
“Ce qu’il reste à faire est le plus difficile”, commente l’économiste Thibault Mercier (Paribas). “La Grèce a fait beaucoup d’efforts, mais pour que le rétablissement soit durable, elle ne peut pas continuer sans fin à couper dans les dépenses, il faut générer des recettes et c’est le principal défi: faire rentrer les impôts, lutter contre la corruption”, a-t-il commenté.
Plusieurs mesures sont attendues rapidement, selon l’économiste Platon Monokroussos (Eurobank): abolition de niches fiscales, réduction des aides sociales, ou réforme de la grille des salaires dans la fonction publique. Il anticipe aussi que le taux de remplacement des fonctionnaires partant à la retraite devrait passer à un sur sept, au lieu de un sur cinq.
Reste à savoir si ce nouveau tour de vis suffira pour regagner la confiance des marchés, dont une partie table à nouveau, en dépit des mesures de soutien adoptées entretemps par la zone euro, sur une restructuration inévitable de la dette publique, qui doit dépasser 152% du PIB d’ici la fin de l’année.
Ni les démentis quasi-quotidiens opposés par le gouvernement à cette éventualité, ni le soutien appuyé du directeur général du FMI quant à la volonté d’Athènes de rembourser intégralement sa dette, ne semblent en mesure de calmer ces spéculations. Un porte-parole de la Commission a également exclu mercredi une restructuration, en assurant qu’Athènes était “sur les rails” de son plan d’assainissement budgétaire.
Côté marchés, les attentes se traduisent par une inversion de la courbe des taux: alors qu’il est normalement plus coûteux d’emprunter à long qu’à court terme, ce n’est plus le cas pour la Grèce. A deux ans, ils se sont envolés à près de 16% en début de semaine contre plus de 12% sur les taux à dix ans.
Pour les emprunts à court terme (moins de 6 mois), le pays qui avait repris des émissions régulières après l’octroi du prêt de 110 milliards par l’UE et le FMI en mai 2010, a suspendu les émissions depuis le 8 mars.
Alors que la récession asphyxie l’économie nationale pour la troisième année consécutive, l’hypothèse d’une restructuration avancerait même en interne au sein du parti socialiste au pouvoir.
Selon les médias grecs, la députée Vasso Papandréou, pilier du Pasok, a rompu mardi soir la ligne officielle en appelant le gouvernement à prendre l’initiative d’une telle opération, pour limiter les dégâts.