On dit une chose et son contraire, on change d’avis, on revient encore à la
première impression… C’est ce qui se passe désormais tous les jours dans notre
démocratie naissante!
A cette image, non pas d’incertitude, ni de tergiversations (Dieu nous en
garde!), mais d’emprunt de voies souples de modus vivendi, on peut en superposer
des dizaines d’autres images de notre vie de tous les jours, telle qu’elle
apparaît après la Révolution; là où on semble prendre du plaisir à essayer des
choses puis à les contester, avant d’y revenir (pas trop définitivement quand
même!).
Car, par delà les grands sujets de Révolution, démocratie, élections…, les
Tunisiens ont, de toute évidence, d’autres préoccupations au ras des
pâquerettes: les enfants, les courses, les traites à payer, la voiture…
Tiens, la voiture! On va vous raconter un épisode typique. Vous connaissez l’un
des grands problèmes que la capitale est en train de vivre du point de vue
révolutionnaro-municipal: les centaines de jeunes venant des régions et ne
voulant plus repartir parce qu’ils ont trouvé qu’ils pouvaient se faire plein de
fric avec le commerce de produits chinois très bas de gamme en tous genres posés
à même le sol partout où ils trouvent un espace, quitte à empiéter sur les
trottoirs et même les chaussées.
Vous connaissez également la dernière actualité où les batailles rangées pour
marquer leur territoire ont culminé ce week-end au confluent des rues Al Jazeera,
Bab el Fallah, Essabbaghine et Sidi Bou Mendil.
Vous connaissez également l’image de positivisme que veut se donner le
gouvernement et vous avez sans doute entendu parler de son choix du parking
Mokhtar Ataya comme nouvel espace commercial alloué à tous ces ”Nassabas” de
fortune pour mettre fin à une situation explosive.
Eh bien, la municipalité s’est empressée de mettre ce projet à exécution,
mais… en trois jours, pas moins de trois attitudes se sont succédé pour
ajouter au trouble de l’indécision ambiante.
Le 4 avril, les automobilistes qui voulaient parquer leurs voitures étaient
renvoyés avec cette explication de la part des agents de la municipalité que le
parking allait devenir un alter ego de Souk Moncef Bey et souk Sidi Bou Mendil.
Le 5 avril, les gens du quartier ne l’entendaient pas de cette oreille et se
sont mis à manifester pour empêcher la transformation du paisible parking en
lieu de dispute. Pas folle la guêpe! Des boutiquiers mais aussi des riverains
ont ainsi fait le pied de grue et ont apparemment fini par avoir gain de cause.
Car, le 6 avril, c’est le retour à la case départ. Les agents de la municipalité
acceptent les voitures et distribuent les tickets, comme si de rien n’était. On
leur a dit de reprendre leur travail, ils l’ont repris mais nous confient qu’ils
n’y comprennent rien! Nous aussi, tiens!