Avec les “serious games”, le jeu vidéo se prend au sérieux au bureau

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de Daesign

[08/04/2011 11:19:06] PARIS (AFP) Les “serious games”, ou jeux vidéos “sérieux”, gagnent du terrain dans l’entreprise, où ils sont utilisés pour doper les performances des managers, mais aussi, depuis peu, pour aborder des thèmes comme diversité ou développement durable sous une forme interactive et ludique.

Exemple chez Renault avec le jeu “Ultimates sales manager”, présenté cette semaine à Paris lors du forum des serious games, organisé par Daesign, un grand acteur du secteur.

Le joueur se glisse dans la peau d’un chef de vente incarné par un avatar. Sa mission: sauver une concession moribonde tout en veillant au moral des troupes. Si ces dernières sont trop déstabilisées par ses initiatives, la sanction est sans appel: Game over !

Le joueur fixe les objectifs de vente de ses subalternes en fonction des informations dont il dispose sur eux. Il peut aussi vérifier la propreté des véhicules exposés et devra par exemple réagir à la découverte d’une canette de soda oubliée sur un siège.

Selon Damien Nolan, directeur associé de Daesign, groupe français qui connaît une croissance exponentielle depuis cinq ans, ce type de jeu coûte 50 à 200.000 euros (contre 10 à 15 millions d’euros pour les grands jeux commerciaux).

Hervé Vialle, responsable de Renault, indique qu’il s’agit du troisième “serious game” qu’utilise son groupe. Le but est “que les gens progressent et qu’à travers le jeu, ils aient envie de progresser”.

SFR, EDF, France Télécom-Orange, Axa, la SNCF ou Total utilisent aussi ce type de programmes.

Du côté de BNP Paribas, où le premier “serious game” remonte à 2004, l’aspect divertissement semble toutefois un peu délicat à faire passer.

“Vous imaginez bien que banque et ludique, ce n’est pas forcément synonyme”, explique Jean-Marc Roche, responsable du groupe. “On insiste beaucoup sur le côté +serious+”, tout en respectant les caractéristiques du jeu.

Altidem, cabinet de conseil en diversité, propose depuis peu un jeu baptisé “management de la diversité” qui aide les cadres à comprendre leurs “propres stéréotypes pour mieux les déjouer”.

“Et si un poste moins en contact avec la clientèle se libérait, ça vous intéresserait?”, demande par exemple un manager blanc à un employé noir, au grand étonnement de ce dernier.

Après la partie interactive, un “chargé de diversité” commente les choix du joueur et pointe les éventuelles implications juridiques.

“Vous avez pris un risque légal. La situation actuelle n’est pas à prendre à la légère. Elle peut être perçue comme une discrimination”, assène un personnage à la barbe fournie.

L’outil a déjà séduit des grandes entreprises comme MMA ou BNP Paribas.

Total a lancé “Jouécotidien” pour que ses salariés adoptent un comportement éco-citoyen, “une première” sur ce thème qui a rencontré un succès notable, selon une responsable du groupe, Marie-Odile Vincent.

Le concept de “serious game” est né dans la défense aux Etats-Unis en 2002, avec “America’s Army”, jeu gratuit destiné à séduire de jeunes recrues sur internet.

Il a fait des émules dans tous les domaines: de l’humanitaire avec “Food Force” au médical (“Triage training”).

Même l’Etat français s’y est mis avec “Ma cyber auto-entreprise” ou cyber-budget, qui permet de devenir ministre du Budget à l’essai.

Selon des spécialistes, les smartphones devraient permettre d’étendre encore l’utilisation des “serious games”. Un phénomène que les dirigeants pourraient voir d’un bon oeil, les jeux étant alors pratiqués en dehors des heures de travail.