és grand cru le 4 avril 2011 à Saint-Emilion, près de Bordeaux (Photo : Pierre Andrieu) |
[08/04/2011 16:51:11] BORDEAUX (AFP) A la faveur d’une météo estivale, les professionnels du vin du monde entier sont venus très nombreux arpenter le vignoble bordelais pendant la semaine des primeurs qui s’est achevée vendredi, pour déguster, juger puis estimer un nouveau millésime 2010 déjà couvert de louanges.
“Je n’avais jamais vu ça”, s’exclame François Lévêque, président honoraire du syndicat des courtiers de Bordeaux, “on circule mal, il y a tellement de monde dans certains châteaux qu’il y a… trop de monde”.
Quelque 19.000 entrées ont été enregistrées au cours des trois jours de dégustation de la semaine “officielle”, ce qui correspond à l’affluence déjà record de l’an dernier, soit environ 6.000 visiteurs, selon l’Union des grands crus de Bordeaux (UGCB).
L’Union, à l’iniative de l’événement lancé en 1962, a regroupé ses 132 membres par appellation dans sept châteaux. Mais dans les chais et les caves, dans les cours de châteaux, partout d’autres points de dégustation ont fleuri cette année sous le soleil, en une sorte de festival “off”.
Ainsi, tous lieux de dégustation confondus, la fréquentation pourrait avoir atteint les 8.000 personnes, estime M. Lévêque.
“Tous ces gens qui viennent goûter, se faire une idée du millésime, c’est un vrai tourbillon”, commente Alain Moueix, président de l’association des grands crus classés de Saint-Emilion.
Si 68 pays étaient représentés, les distributeurs français sont restés les plus nombreux, selon l’UGCB. 38% des visiteurs sont venus de l’étranger, aux premiers rangs desquels le Royaume-Uni, client historique, la Chine, qui confirme sa percée sur ce marché, et les Etats-Unis, qui font un retour en force.
Des pays “insolites” comme le Bélize, la Jordanie ou les Maldives sont venus mais le Japon, frappé par le séisme et le tsunami du 11 mars, a parfois fait défection dans les châteaux. “Les Japonais seront au rendez-vous plus tard, quand les ventes se feront”, rassure Pierre Lurton, président des Châteaux d’Yquem et Cheval Blanc.
à Saint-Emilion près de Bordeaux (Photo : Pierre Andrieu) |
Le temps des dégustations achevé, viendra le temps des prix, qui l’an dernier ont atteint un niveau stratosphérique pour les grands crus. “On verra comment le marché réagit”, souligne Paul Pontallier, directeur général de Château Margaux. “La fourchette est large, dit-il, entre les prix 2009 qui aujourd’hui constituent un plafond qu’on ne peut pas dépasser et les planchers constitués par des millésimes de moindre qualité”.
Pendant la campagne des primeurs, on peut acheter du vin à des prix fixés de fin avril à fin juin pour une livraison à la fin 2012, soit deux ans après les vendanges.
“La partie de poker-menteur va commencer”, annonce Alain Raynaud, président du cercle Rive droite qui regroupe les appellations de ce côté de la Garonne.
“Ce millésime a une bonne réputation, la situation économique est meilleure, les conditions sont favorables à la mise en marché”, estime Sylvie Cazes, présidente de l’UGCB.
“Sauf cataclysme, il semble qu’on s’achemine vers une relative stabilité par rapport à 2009”, prévoit M. Lévêque.
Quelque 200 marques prestigieuses devraient écouler entre 70 et 95% de leurs volumes. Certains, qui n’avaient pas pleinement profité du 2009, “vont vouloir se rattraper avec le 2010”, prédit Justin Onclin, propriétaire de Château Villemaurine, “mais il est souhaitable qu’ils ne le fassent pas trop”.
S’il y a des acheteurs à 1.000 euros la bouteille, “ça partira à 1.000 euros, c’est la loi de l’offre et de la demande”, souligne l’oenologue-conseil Michel Rolland.
Pour le magnat du vin Bernard Magrez, “les grands, en vendant très cher, donnent à Bordeaux une image d’excellence et de rareté qui profite à tout le monde”.