usine General Motors de Detroit-Hamtramck le 30 novembre 2010 (Photo : Bill Pugliano) |
[09/04/2011 08:04:12] NEW YORK (AFP) La production automobile des Etats-Unis devrait pâtir cette année des retombées du tremblement de terre du 11 mars au Japon, avec pour conséquence une augmentation des prix à court terme, même s’il n’est pas encore certain que le retard pris ne puisse être rattrapé d’ici fin 2011.
Pour Jesse Toprak, analyste du site spécialisé Truecar.com, “la production mondiale sera réduite d’au moins un million d’unités, si ce n’est plus”.
Aux Etats-Unis, les constructeurs japonais, qui dépendent le plus, pour leur production américaine, de pièces détachées importées du Japon, sont évidemment les premiers affectés.
Mais d’autres constructeurs et notamment les constructeurs américains “seront touchés par les pénuries de pièces si les problèmes de production au Japon ne sont pas résolus dans les prochains mois”, ajoute M. Toprak.
Le cabinet d’analystes IHS Global Insight prévoit quant à lui “une crise de production latente découlant du désastre du 11 mars”, qui devrait commencer à se faire sentir début mai, quand “les stocks de pièces détachées en provenance du Japon vont s’assécher aux Etats-Unis”.
“Il suffit d’une pièce pour arrêter la production car les semi-conducteurs sont aujourd’hui au coeur des systèmes de freinage, de transmission et d’injection des véhicules”, remarque M. Toprak.
Après les discours rassurants des débuts, les constructeurs aux Etats-Unis commencent à réduire leur production.
Des Chevrolet (groupe GM) dans une vente en Floride le 10 novembre 2010 (Photo : Joe Raedle) |
Le constructeur automobile japonais Toyota va ainsi suspendre la production de ses 13 usines en Amérique du Nord pendant six jours ce mois-ci, en raison des difficultés d’approvisionnement en pièces détachées.
General Motors (GM) et Chrysler ont annoncé ces derniers jours des réductions plus modestes de leur production: GM a fermé vendredi une usine fabricant des gros 4×4 au Texas (sud des Etats-Unis) et Chrysler va annuler des heures supplémentaires.
Himanshu Patel, analyste de JP Morgan, pronostique dans une note “un à deux mois de perturbations majeures de la production et six mois de problèmes sporadiques”.
Il faut s’attendre à ce que “les résultats du deuxième trimestre soient touchés”, ajoute-t-il.
“D’après ce que nous savons, la production aux Etats-Unis devrait baisser de 100.000 unités, et ce chiffre devrait probablement s’alourdir”, poursuit Jesse Toprak, même s’il prévoit toujours une production annuelle de 13 millions d’unités.
“Nous prévoyons une accélération de la production au deuxième semestre, mais à condition” que les usines qui fabriquent les pièces détachées concernées au Japon “soient réparées comme attendu”, a-t-il expliqué.
En attendant, “les constructeurs vont limiter les offres promotionnelles”, et les prix vont augmenter, comme chez Toyota qui a “déjà augmenté ses prix de 1,7% la semaine dernière”, prévient-il.
Plus encore que le volume des ventes, c’est le choix des consommateurs qui devrait être altéré: “si vous ne pouvez pas acheter une compact et que vous avez besoin d’une voiture, vous reportez votre choix sur autre chose”.
Il estime que les véhicules économes en carburant devraient en bénéficier.
Pour M. Patel, les constructeurs américains pourraient à court terme bénéficier de la situation pour prendre des parts de marché à leurs concurrents japonais.
IHS Global Insight partage cette opinion, mais souligne que cela pourrait ne pas durer car les problèmes de production vont rattraper les constructeurs américains. En outre, conclut-il, “les constructeurs américains et coréens gagnaient déjà des parts sur les japonais avant le séisme”.