Portugal : 47 personnalités lancent un vibrant appel au compromis politique

photo_1302341985229-1-1.jpg
à Godollo en Hongrie, le 9 avril 2011 (Photo : Georges Gobet)

[09/04/2011 09:41:38] LISBONNE (AFP) 47 personnalités portugaises, parmi lesquelles d’anciens chefs d’Etat, des artistes, intellectuels, chefs d’entreprises et même un évêque, ont lancé samedi un vibrant appel à un “compromis” entre les politiques pour “surmonter la crise” et restaurer la “crédibilité extérieure” du pays.

Dans un texte publié par l’hebdomadaire Expresso, les signataires déplorent “la difficulté de dialogue entre les dirigeants politiques nationaux et la récente crispation du débat public” qui, disent-ils, “menacent de manière dangereuse la définition de solutions durables aux problèmes nationaux”.

Parmi les principales personnalités à l’origine de cet appel, figurent les anciens présidents Ramalho Eanes, Mario Soares et Jorge Sampaio, d’anciens ministres de droite comme de gauche, des intellectuels et artistes comme le cinéaste Manoel de Oliveira, l’écrivain Antonio Lobo Antunes, l’architecte Siza Vieira, ou encore l’évêque de Porto Manuel Clemente.

Cet appel rejoint celui lancé vendredi par les dirigeants de l’Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI) qui ont accepté d’aider le Portugal, à hauteur de 80 milliards d’euros, en échange d’un programme d’austérité, “impliquant les principaux partis politiques”, qui devra être adopté d’ici à la mi-mai.

Dernière victime après la Grèce et l’Irlande de la crise de la dette, le Portugal est plongé dans une grave crise politique depuis la démission le 23 mars du Premier ministre socialiste José Socrates, désavoué par le rejet au parlement d’un nouveau programme d’austérité censé “garantir” la réduction des déficits publics et éviter un recours à l’aide extérieure.

Des élections législatives anticipées ont été convoquées le 5 juin.

Vendredi soir, José Socrates avait ouvert les hostilités, promettant de “lutter pour la victoire” des socialistes, et rejetant la responsabilité de la crise sur le principal parti d’opposition, le Parti social-démocrate (PSD, centre-droit).

“Les prochaines élections législatives exigent un climat de tranquillité et un niveau d’information objective sur la réalité nationale qui, en ce moment, ne sont pas assurés”, regrettent samedi les 47 personnalités, qui appellent les politiques à “deux compromis fondamentaux”, “indispensables pour surmonter la crise”:

“En premier lieu, un compromis entre le président de la République, le gouvernement et les principaux partis pour garantir l’exécution d’un plan d’action immédiat qui permette d’assurer la crédibilité extérieure et le fonctionnement normal de l’économie.”

“Ce compromis immédiat doit permettre au gouvernement d’assumer pleinement ses responsabilités pour assurer le bien public et assumer, au nom de l’Etat, des engagements extérieurs qui ne peuvent plus être différés”, estiment les signataires du texte.

“En second lieu, un compromis entre les principaux partis, avec l’appui du président de la République afin d’assurer que le prochain gouvernement sera soutenu par une majorité sans équivoque, indispensable à la construction d’un consensus minimum (…) sur le processus de consolidation budgétaire et la trajectoire d’ajustement prévue dans la dernière version du programme de stabilité et de croissance”.

Ce programme, présenté le 11 mars et applaudi par les institutions européennes avant d’être rejeté par l’ensemble de l’opposition, prévoyait de sévères mesures d’austérité pour ramener le déficit public à 4,6% du PIB en 2011, 3% en 2012 puis 2% en 2013.

“L’affirmation de ces compromis, à partir d’un effort conjoint des principaux responsables politiques, aidera assurément à construire une solution de gouvernement stable, qui constitue un préalable pour que les Portugais puissent trouver une raison d’être aux sacrifices présents et envisager l’avenir avec espoir”, conclut le texte.