Que retenir de la longue liste des 51 partis politiques qui se bousculent déjà au portillon de la Constituante? Beaucoup y voient de la confusion. Tout le monde du moins par famille politique prêche dans le même sens. Et que de ressemblances au niveau des noms des partis.
Le Conseil de la haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique a décidé de reporter, à lundi 11 avril 2011, l’adoption du décret-loi relatif à l’élection de la Constituante. Son adoption devrait permettre de voir plus clair au niveau notamment du mode de scrutin.
Ce mode intéresse au plus haut degré la cinquantaine de partis et mouvements politiques –en attendant d’autres- et les indépendants qui se bousculent déjà au portillon.
La lecture de la liste des partis et mouvements ayant obtenu des visas offre l’impression d’un paysage des plus variés dans lequel on ne peut voir toujours clair, si l’on exclut quelques partis que les Tunisiens ont appris à connaître bien avant le 14 janvier 2011 ou quelques personnalités politiques qui dirigent de nouveaux arrivants.
Comme deux goutes d’eau
Si l’on croit cette liste, publiée par le magazine Réalités, par familles politique, le nouveau paysage politique tunisien serait composé de 10 partis se réclamant du nationalisme arabe, 10 autres partis sans idiologie déterminée, 6 autres sont des mouvements d’extrême gauche, 5 sont des partis islamistes, 5 autres sont des partis centristes, 5 encore sont des partis se réclamant du libéralisme, 4 sont des partis classés comme étant des partis avec une idéologie inconnue, enfin 2 partis sont des mouvements écologistes.
Des statistiques qui appellent, sans doute, au moins deux commentaires dont le premier est fait par notre source: pratiquement toutes les familles politiques sont représentées, de l’extrême gauche à l’extrême droite.
Décryptage: des alliances sont possibles demain lorsque viendra le temps pour les familles politiques de se rassembler autour d’un programme de gouvernement voire au sein d’un front de l’opposition. Bien plus, des regroupements sont aussi possibles au sein d’un seul et unique mouvement.
Le modèle tunisien ne peut échapper, à ce niveau, de celui des démocraties naissantes: en Espagne, en Grèce, au Portugal, en Pologne, en Hongrie,… des centaines de mouvements sont d’abord nés, ils ont, par la suite, décidé de se saborder ou de s’unir à d’autres.
Outre l’argent qui là aussi sera le nerf de la guerre, la pérennité d’un mouvement politique vaut par son audience –il se doit d’être une réponse à un courant de pensée dans la société- mais aussi par sa capacité à recruter des militants de qualité capables de relayer ses programmes et de les adapter à un vécu en mutation.
Le second commentaire? On n’est pas sorti de l’auberge: sur les 51 partis ayant obtenu un visa, 10 sont considérés comme étant «sans idéologie déterminée» et 4 sont «à idéologie encore inconnue». Soit près de 28% du total des partis. Ces mouvements auront évidemment l’occasion de se faire connaître par les actions de mobilisation qu’elles ne manqueront pas d’engager.
Le défilement des premiers responsables de certains mouvements, à l’occasion d’une émission de télévision programmée sur Alwatanya 1 (la première chaîne de télévision publique), dans l’objectif de faire connaître leurs programmes, montre que du moins, par familles politiques, les programmes se ressemblent souvent comme deux goutes d’eau: tout le monde prêche, pour ainsi dire, dans le même sens.
Une impression renforcée par le fait que nombre de partis se ressemblent par leur nom. Ainsi, nous remarquons l’existence du “Parti pour la liberté pour la justice et le développement“, mais aussi le “Parti de la dignité pour la justice et le développement“, le “Parti national de la justice et le développement“ et –encore- le “Parti de la justice et du développement“. Ou encore: le “Parti de l’unité populaire“ et le “Mouvement de l’Unité populaire“.
Tout le monde comprend que ces partis et mouvements ne partent pas de rien. Il y a derrière ces noms des idées, des projets, des crédos, des hommes, mais à l’ère de la toute puissante communication, la forme est aussi importante que le fond. Une des règles de base dans ce domaine est de soigner sa différence. Une différence qui s’exprime par un nom qui fait mouche et qui est facile à retenir. Sinon la confusion risque de bien s’installer! Et tout le monde risque d’être perdant. Ou presque..