Les pénuries d’électricité, un casse-tête sur la durée pour le Japon

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ères des immeubles et des panneaux publicitaires sont éteintes dans le quartier commerçant de Ginza à Tokyo, le 9 avril 2011 (Photo : Yoshikazu Tsuno)

[10/04/2011 08:35:43] TOKYO (AFP) Un mois après la catastrophe du 11 mars, les pénuries d’électricité perturbent fortement l’économie japonaise, la troisième au monde, qui doit désormais trouver les moyens de s’y adapter pour surmonter la crise, selon des analystes.

Le séisme de magnitude 9, le tsunami géant qui a suivi et l’accident nucléaire de la centrale nucléaire de Fukushima ont totalement bouleversé la donne pour les entreprises nippones.

“Au cours des vingt dernières années, les problèmes économiques du Japon ont été avant tout liés aux défaillances de la demande”, explique l’économiste en chef de BNP Paribas à Tokyo, Ryutaro Kono.

“La contraction économique désormais attendue sera essentiellement due aux fortes contraintes pesant sur l’offre”, précise-t-il dans une étude récemment publiée.

De Toyota à Sharp, les géants industriels ont été forcés de réduire, voire de suspendre, une partie de leur production à cause principalement des pénuries électriques liées à l’arrêt momentané ou définitif d’une douzaine de réacteurs nucléaires ainsi que de plusieurs centrales thermiques.

La centrale nucléaire de Fukushima Daiichi (N°1), victime d’une série de graves accidents, ne devrait jamais redémarrer, selon son opérateur, Tokyo Electric Power (Tepco). Or ce site, qui compte six réacteurs, alimentait la mégapole de Tokyo, poumon économique du pays.

“La région couverte par Tepco va subir une baisse d’environ 20% de son approvisionnement électrique cet été. Cela accentuera les pressions sur l’économie”, estime Hiroshi Watanabe, économiste à l’institut de recherche Daiwa. De ce fait, “nous prévoyons une croissance négative jusqu’au troisième trimestre”.

Pour l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la catastrophe naturelle et la crise nucléaire vont amputer de 0,2 à 0,6 point de pourcentage la croissance au premier trimestre, puis de 0,5 à 1,4 point au deuxième, avant un rebond au second semestre.

Les industries grosses consommatrices d’électricité, comme le ciment, la sidérurgie ou le papier, sont les plus frappées, selon M. Watanabe.

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évastée le 4 avril 2011 (Photo : Kazuhiro Nogi)

Mais l’impact est également fort dans les secteurs comme l’automobile ou l’électronique fonctionnant en flux tendu pour réduire au minimum les stocks.

“La baisse de l’activité industrielle dans les régions du Kanto (Tokyo) et du Tohoku (nord-est) a sérieusement désorganisé les chaînes d’approvisionnement pour les entreprises des autres régions”, souligne M. Kono.

Le groupe Sharp a ainsi suspendu la production dans deux usines d’écrans à cristaux liquides (LCD) situées dans le centre et l’ouest.

De leur côté, les entreprises de boissons et d’eau minérale ont du mal à faire face au bond de la demande lié aux craintes de la contamination radioactive de l’eau du robinet. “Nos efforts pour accroître la production sont freinés par la pénurie de bouchons pour les bouteilles en plastique”, a expliqué un responsable d’une grande entreprise du secteur.

Le gouvernement a annoncé vendredi des objectifs chiffrés d’économie d’électricité afin de faire face aux pics de consommation de l’été: baisse de 15 à 20% pour les particuliers et de 20 à 25% pour les entreprises aux heures de pointe. Les modalités concrètes seront précisées fin avril.

Les économistes doutent que ces mesures s’avèrent suffisantes. En l’état actuel, “il est difficile de prévoir quand le goulet d’étranglement électrique affectant la région du Kanto, qui pèse pour 40% de l’économie japonaise, pourra être supprimé”, estime M. Kono.