Egypte : trois ans de prison pour un blogueur ayant critiqué l’armée

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éante place Tahrir, au Caire, le 8 avril 2011 (Photo : Misam Saleh)

[11/04/2011 12:55:56] LE CAIRE (AFP) Une cour militaire a condamné un blogueur à trois ans de prison pour avoir critiqué les forces armées, a annoncé lundi son avocat à l’AFP.

“Malheureusement, la cour militaire de Nasr City (au Caire) a condamné Maikel Nabil à trois ans de prison”, a déclaré Me Gamal Eid. “Les avocats n’étaient pas présents”, a-t-il précisé. “Le verdict a été prononcé pratiquement en secret”.

Il s’agit du premier procès de ce genre depuis que l’Egypte est dirigée par un collège de généraux, le Conseil suprême des forces armées qui a pris les rênes du pouvoir après la chute du président Hosni Moubarak le 11 février.

Le verdict était attendu mercredi mais il a été reporté à dimanche. Les avocats ont été au tribunal dimanche mais on leur a demandé de partir arguant qu’il n’y aurait pas de verdict, a expliqué Me Eid.

“Nous avons ensuite été très surpris d’entendre qu’il (Maikel Nabil) a été condamné à trois ans”, a affirmé l’avocat, directeur du Réseau arabe d’information sur les droits de la personne (Arab Network for Human Rights Information, ANHRI), qui défend la liberté d’expression.

Ce verdict pourrait inquiéter l’important réseau de blogueurs en Egypte qui espéraient que la chute du président Hosni Moubarak sous la pression d’un soulèvement populaire ouvrirait la voie à une ère nouvelle de liberté d’expression.

Mardi, l’organisation Human Rights Watch a demandé à l’armée l’annulation du procès. L’armée “devrait abandonner toutes les charges retenues contre lui en raison de ses commentaires postés (sur internet) critiquant l’appareil militaire”, écrivait HRW.

La police militaire avait arrêté le blogueur le 28 mars après qu’il eut posté sur Facebook des commentaires critiquant l’armée, selon HRW.

Ses commentaires et les informations qu’il a publiées sur Facebook ont été utilisées comme preuves contre lui lors du procès, a dit HRW citant ses avocats.

L’an dernier, un blogueur qui avait publié des conseils sur la conscription avait, selon ses avocats, été condamné à six mois de prison pour divulgation de “secrets militaires”.

Un autre internaute avait en revanche été acquitté l’an dernier après avoir publié des allégations de favoritisme dans une académie militaire.