C’est un chiffre révélateur d’une discrimination aveugle que nous a dévoilé Abderrazek Zouari, ministre du Développement régional du gouvernement provisoire, lors de la conférence de presse du 11 avril 2011. Le budget pour l’année 2011 prévoyait que 82% des projets de développement régional seraient destinés aux zones côtières contre seulement 18% pour les régions intérieures. Voilà une preuve tangible des disparités régionales au temps du l’ancien régime. A se demander aussi sur le rôle des députés, sensés représenter leurs régions, dans la dénonciation de ces dérapages avant l’approbation du budget. Mais passons…
Selon M. Zouari, il s’agit maintenant de rectifier ce déséquilibre. Un programme additionnel a été élaboré par le ministère en ce sens, qui mobilisera 251 millions de dinars dont 80% seront consacrés aux régions intérieures, cette fois-ci, contre 20% pour les zones côtières. «Nous avons pratiqué la discrimination positive dans le programme additionnel, tant qu’on ne peut pas modifier pour l’instant les prérogatives du budget 2011 puisqu’il a été voté. Ce qui nous donne une répartition plus équilibré, soit 71% pour la côté et 29% pour l’intérieur. L’idéal pour nous est d’atteindre 62%-38%», affirme le ministre. Les principaux critères suivant lesquels seront répartis les investissements sont le nombre de la population, le taux de chômage global, le taux de chômage des diplômés du supérieur et le seuil de pauvreté. Le gouvernorat de Kasserine, par exemple, aura une part importante dans le programme additionnel, soit 10,2% (environ 25 MDT).
A noter que le budget 2011 a planifié 129,8 MDT pour le développement régional. Avec le programme additionnel, ce montant passe à 381,1 MDT. Ce programme sera essentiellement dédié aux chantiers, à la construction et l’amélioration des habitations, l’introduction de l’eau potable, l’éclairage rural, l’électrification des puits superficiels et la construction des pistes rurales.
Quant aux grands projets d’investissement, ils resteront encore éparpillés entre les différents ministères puisque l’une des problématiques du développement régional, sous l’ancien régime, c’était l’optique sectorielle. Une pratique qui délimite fortement le développement des zones intérieures. D’où un besoin d’études stratégiques pour déterminer les besoins de chaque région dans les différents secteurs, précise M. Zouari.