Tunisie : Abderrazek Zouari face aux maux du développement régional

En sa qualité de bon académicien, Abderrazek Zouari, ministre du Développement régional du gouvernement provisoire, a présenté en détail le programme de son ministère, lors de la conférence de presse du 11 avril 2011. Il affirme que la bonne gouvernance serait le principal atout pour booster le développement régional. «Des sommes colossales ont été dépensées auparavant mais elles n’ont pas eu d’impacts sur la vie des citoyens. Ceci est dû à l’absence d’une bonne gouvernance. Ce qui nous a valu deux points de croissance de perdu. Il y avait aussi une absence de transparence dans les administrations publiques», indique le ministre.

Une orientation qui a été même observée dans la conception des politiques et stratégies de développement régional. elles étaient élaborées selon une approche «top down» qui privilégiait les orientations nationales. Les spécificités régionales étaient marginalisées et on ne se souciait guère des besoins de chaque région. «Le découpage des régions était un découpage administratif et non économique», souligne M. Zouari en ajoutant que ceci a été démontré par l’adoption d’une optique sectorielle stricte avec laquelle il faut rompre maintenant et élaborer un plan de la région qui englobe tous les secteurs.

Des régions marginalisées…

Il n’y avait pas d’indicateurs régionaux pour l’élaboration d’une politique de développement efficace. Aucune étude stratégique ni aucun schéma de développement spécifique n’ont été effectués au profit de chaque région. Le ministre a insisté sur le rôle du secteur privé, de la société civile et des organismes professionnels dans la détermination d’une politique de développement efficiente.

Le choix politique avait également un impact sur les orientations régionales. L’absence de neutralité caractérisait évidemment la nomination des gouverneurs mais aussi la composition des conseils régionaux choisis par ceux-ci. Il s’agit, désormais, de garantir l’indépendance des gouverneurs et de leur donner une certaine autonomie de gestion des budgets régionaux. Pour M. Zouari, les conseils régionaux doivent être révisés bien que ceci relève du ministère d’Intérieur. Une question qui devrait être étudiée par le nouveau gouvernement.

D’un autre côté, on avait beau parier sur l’attraction des investissements, mais l’absence d’une infrastructure adaptée, d’un environnement propice mais aussi la lenteur administrative constituait un handicap. Booster l’initiative privée était un des axes de développement de l’ancien régime mais la multiplicité des intervenants sans aucune coordination semble avoir eu un effet contraire. Le ministère étudie plusieurs alternatives telles que le parrainage des régions par les banques et la création de SICAV régionales.

Réorienter l’investissement…

La question de la décentralisation est toujours restée une promesse sans suite, mais qui relève d’un grand intérêt pour M. Zouari. «On avait fait l’amalgame avec la déconcentration. Des bureaux ont été délocalisés mais ils travaillaient avec la même optique que l’administration centrale», observe-t-il. A ce niveau, il s’agit également de promouvoir la coopération internationale décentralisée en encourageant le parrainage des régions à l’international.

Concernant les orientations du budget 2011 pour le développement régional, le ministre a indiqué qu’il a été demandé à chaque ministère de rectifier les orientations de leurs budgets afin de réorganiser l’investissement dans les régions. On compte, d’ailleurs, 264 délégations au total. Rappelons que ledit budget prévoyait seulement 18% au profit des zones intérieurs contre 82% consacrés aux zones côtières. Dans l’élaboration du programme additionnel du ministère, on a eu recours aux propositions des gouverneurs en matière d’investissement. Ce programme, d’un montant de 215 MDT, profitera essentiellement aux régions intérieures (80%). M. Zouari affirme également que certaines délégations dans les zones côtières sont restées marginalisées. «Il y avait une politique de la vitrine. Certaines délégations dans les côtés sont plus pauvres que celles de l’intérieur», précise-t-il.

Le développement régional reste une priorité pour le nouveau gouvernement qui aura à mettre en place  des réformes structurelles pour atténuer le déséquilibre régional. Avec un taux de chômage des diplômés du supérieur qui atteint un niveau élevé dans certains gouvernorats, la tâche ne sera pas aussi facile. A Gafsa, ce taux est de 47,3%. Le plus faible taux est enregistré à Ariana, soit 10,9% alors que le taux global est de 23,3% à l’échelle nationale.