à Paris, en mars 2010 (Photo : Loic Venance) |
[12/04/2011 16:27:56] WASHINGTON (AFP) Le Fonds monétaire international s’est montré mardi moins optimiste sur la réduction du déficit budgétaire de la France que le gouvernement de Nicolas Sarkozy, rappelant que le calendrier électoral ne se prête pas à des mesures impopulaires.
Dans son “Moniteur des finances publiques” semestriel, l’institution internationale établit des projections qui ne cadrent pas avec celles données par la ministre de l’Economie Christine Lagarde cinq jours auparavant.
Pour 2011, la différence est minime: le déficit budgétaire représente 5,8% du produit intérieur brut pour le FMI contre 5,7% pour Bercy. En 2012, l’écart se creuse: 4,9% contre 4,6%. En 2013, la France compte remplir l’objectif européen de 3%, mais le FMI n’y croit pas: il voit le déficit à 4%.
L’objectif de 3% ne serait atteint qu’en 2014, d’après lui.
Entre-temps doit avoir lieu l’élection présidentielle, en avril et mai 2012. Or “il y a un risque que le calendrier électoral aux Etats-Unis, en France et au Japon, et éventuellement ailleurs, puisse compliquer la mise en oeuvre des politiques” de réduction du déficit, ont estimé les experts du FMI.
La France fait certes beaucoup mieux que ces deux autres pays, qui devraient être avec l’Irlande les champions du monde du déficit budgétaire en 2011, à plus de 10% du PIB.
Mais elle n’est pas particulièrement vertueuse. D’après les calculs du Fonds, parmi une soixantaine d’Etats membres étudiés, elle a fait partie en 2010 des neuf pays dont aussi bien le déficit budgétaire que la dette publique ont été supérieurs à la moyenne mondiale, en compagnie du Royaume-Uni et des Etats-Unis, mais aussi de la Grèce, de l’Irlande et du Portugal.
En 2011, la France devrait afficher un déficit supérieur à nombre de ses voisins, que ce soit l’Allemagne (2,3%), la Belgique (3,9%) ou l’Italie (4,3%).
énéral du FMI Dominique Strauss-Kahn le 16 juin 2010 à Paris (Photo : Eric Piermont) |
Paris obtient du FMI un nouveau satisfecit pour sa réforme des retraites adoptée en novembre. Celle-ci “contribue à l’amélioration des tendances des dépenses à long terme”, a-t-il rappelé.
Le Fonds voudrait voir aboutir le projet de révision constitutionnelle, présenté en mars en conseil des ministres, en vue de “lois-cadres d’équilibre des finances publiques”.
Et pour étayer ses doutes, il rappelle que cela fait longtemps qu’un gouvernement français n’a pas réussi à faire baisser considérablement son déficit budgétaire.
Les experts du FMI relèvent que ces quarante dernières années, les principaux succès ont été le “plan Barre” de 1976-1977, sous Valéry Giscard d’Estaing, et le “tournant de la rigueur” de 1983-1984 sous François Mitterrand.
Atteindre les “critères de Maastricht” en 1997 a exigé “des mesures de dernière minute sur les recettes”, et y revenir entre 2003 et 2007 “des recettes exceptionnelles” qui ont compensé “quelques dérapages dans les dépenses”.
M. Sarkozy fut brièvement ministre des Finances, en 2004, à l’époque de ces “dérapages”. Et le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, occupa ce même poste à partir de juin 1997, année où la France dut respecter les “critères de convergence” (déficit budgétaire de 3% du PIB).
MM. Sarkozy et Strauss-Kahn envisagent tous deux de se présenter à l’élection présidentielle de 2012.