Une aide d’urgence de 580 millions d’euros pour la Côte d’Ivoire

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à Paris le 11 avril 2011 (Photo : Patrick Kovarik)

[12/04/2011 16:56:17] LUXEMBOURG (AFP) La France et l’Union européenne ont débloqué mardi quelque 580 millions d’euros d’aide d’urgence en faveur de la Côte d’Ivoire afin de permettre au régime fragile du président ivoirien Alassane Ouattara de se stabiliser après l’affrontement avec Laurent Gbagbo.

La France va apporter dans les prochains jours “un soutien financier exceptionnel de 400 millions d’euros” pour aider notamment à satisfaire les besoins urgents des populations et de la ville d’Abidjan, a annoncé sa ministre des Finances Christine Lagarde.

De son côté, la Commission européenne a débloqué 180 millions d’euros, disponibles immédiatement pour aider à la reconstruction économique du pays, la réconciliation, la démocratie, lors d’une réunion à Luxembourg des ministres européens des Affaires étrangères.

“Nous avons insisté sur la nécessité de participer à la reconstruction de ce pays si gravement éprouvé”, a déclaré le chef de la diplomatie française Alain Juppé.

Il s’agissait pour l’UE de faire le point sur les moyens de stabiliser le nouveau régime en place, après plus de quatre mois d’une crise politique née du différend sur le résultat de l’élection présidentielle entre les deux candidats rivaux.

Elle s’est soldée lundi par l’arrestation du président sortant Laurent Gbagbo.

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Abidjan, le 12 avril 2011 (Photo : Sia Kambou)

Dans un geste en faveur d’Alassane Ouattara, les Européens ont d’ores et déjà levé vendredi des sanctions clés qu’ils avaient imposées pour contraindre Laurent Gbagbo à quitter le pouvoir en l’asphyxiant financièrement.

Elles visaient les deux grands ports du pays, Abidjan et San Pedro, ainsi que deux entreprises stratégiques dans les secteurs du pétrole, du cacao et du café, essentiels pour l’économie ivoirienne. D’autres mesures similaires devraient suivre.

Les autres sanctions seront supprimées “aussi rapidement que possible”, a déclaré le responsable des questions africaines au sein du service diplomatique européen, Nicholas Westcott.

Au-delà de l’aide urgence, la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a assuré quant à elle que l’UE allait fournir “un soutien à long terme à la Côte d’Ivoire afin de promouvoir la prospérité en vue de garantir la stabilité et d’aider à la reconstruction du pays”.

Reste à l’UE à trouver où dégager l’argent frais. Car en parallèle, elle entend aussi mobiliser des fonds pour soutenir l’émergence des régimes démocratiques en Afrique du Nord, au moment où l’Europe traverse une crise budgétaire.

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Ivoire, le 26 mars 2011 (Photo : Dosso Zoom)

Locomotive de l’Afrique de l’Ouest francophone et leader de l’Union économique et monétaire régionale (Uemoa, dont elle représente 40% du PIB), la Côte d’Ivoire traverse la plus grave crise économique et sociale de son histoire.

Son économie, qui repose en grande partie sur les exportations de cacao, traverse une crise sans précédent. Problèmes d’approvisionnement, inflation, chômage, système bancaire grippé: tout le quotidien des familles comme des entreprises, est bouleversé.

Toutefois, l’aide européenne ne s’annonce pas comme un chèque en blanc.

L’image de M. Ouattara, président reconnu par la communauté internationale, apprécié de l’Occident et ex-responsable du Fonds monétaire international, a été gravement ternie par les accusations visant les Forces républicaines, qui lui sont loyales, après le massacre de centaines de personnes à Duékoué (ouest), pendant la prise de la ville le 29 mars.

“Tous les auteurs de violations des droits de l’Homme doivent répondre de leurs agissements”, a prévenu Mme Ashton.