Cartel : l’UE déballe le linge sale des grands fabricants de lessive

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éen à la Concurrence, Joaquin Almunia, à Bruxelles, en décembre 2010 (Photo : Thierry Charlier)

[13/04/2011 10:48:53] BRUXELLES (AFP) La Commission européenne fait le ménage sur le marché de la lessive dans l’UE, avec l’annonce mercredi d’une amende totale de 315,2 millions d’euros à deux grands fabricants qui avaient constitué un cartel illégal, l’anglo-néerlandais Unilever et l’américain Procter and Gamble.

Les deux entreprises s’étaient entendues avec l’allemand Henkel pour se partager les parts de marché et “ne pas baisser les prix quand la taille des paquets diminuait”, a détaillé le commissaire européen à la Concurrence, Joaquin Almunia.

Les trois groupes ont ainsi pénalisé les consommateurs: ils sont en effet les principaux producteurs de lessives en Europe, avec des marques “bien en vue dans les rayons des supermarchés”, a souligné le commissaire.

Il a refusé de les citer, estimant n’être “pas là pour faire de la publicité”, mais ce sont par exemple Le Chat et Mir pour Henkel, Omo et Skip pour Unilever, Ariel et Bonux pour Procter and Gamble.

Henkel a été exempté d’amende, car c’est lui qui a révélé l’existence du cartel à Bruxelles.

Unilever devra en revanche payer 104 millions d’euros et Procter and Gamble 211,2 millions d’euros. Tous deux ont obtenu des réductions du montant de leur amende car ils ont coopéré avec Bruxelles et reconnu leur culpabilité pour obtenir un accord à l’amiable.

“En janvier 2011, (Unilever et Procter and Gamble) ont reconnu clairement et sans équivoque leurs responsabilités respectives”, souligne Bruxelles.

Le cartel couvrait la Belgique, la France, l’Allemagne, la Grèce, l’Italie, le Portugal, l’Espagne et les Pays-Bas. Il a duré environ trois ans, de janvier 2002 à mars 2005.

Les trois groupes ont utilisé pour se concerter une organisation professionnelle au sein de laquelle les fabricants de détergents tentent d’améliorer les performances écologiques des détergents.

“Ils ont profité de ces discussions pour organiser un cartel”, a expliqué M. Almunia, pour qui “les entreprises sont à blâmer, pas l’association”.

C’est la troisième fois en un an qu’une affaire de cartel est réglée à l’amiable, selon une procédure instaurée en 2008 pour accélérer les enquêtes sur les cartels dans l’UE.

“En reconnaissant leur participation à l’entente, les entreprises ont permis à la Commission de clôturer rapidement son enquête et ont ainsi pu bénéficier d’une réduction de l’amende”, a commenté Joaquin Almunia.

“Elles ne doivent toutefois pas se faire d’illusions sur la détermination de la Commission à poursuivre une lutte énergique contre les ententes qui imposent aux consommateurs des prix plus élevés que ceux qu’ils paieraient dans le contexte d’une concurrence saine et loyale”, a-t-il averti.

La Commission a rappelé que tout consommateur ou entreprise de l’UE qui s’estime lésée dans cette affaire “peut saisir les tribunaux pour demander des dommages-intérêts”.

Bruxelles a engagé depuis quelques années un combat contre les cartels, infligeant aux entreprises épinglées des amendes de plus en plus lourdes. Le record est détenu par un cartel dans le verre automobile condamné en 2008 à payer au total 1,38 milliard d’euros, dont 896 millions pour le français Saint-Gobain.