Après la visite d’Hillary Clinton
en mars dernier, la Tunisie a reçu la visite
de Dr Tamara Wittes, sous-secrétaire d’Etat adjointe pour les affaires du
Proche-Orient, et responsable du bureau gérant les affaires de MEPI, du 6 au 8
avril 2011. Elle a exprimé la vision de la puissance américaine et son
implication dans la construction de la Tunisie de l’après Révolution lors d’une
table-ronde avec des journalistes.
Dr Wittes a eu l’occasion de rencontrer des acteurs du gouvernement et de la
société civile. «Inspirés par les réalisations du peuple tunisien» (dixit le
président Obama), les USA souhaitent être des partenaires de la société
démocratique tunisienne. «Good for you, good for us» (ce qui est bon pour vous
est bon pour nous) résume le fondement de leur implication à nos côtés.
Intéressé, le soutien américain se base donc sur des intérêts communs.
Coordinatrice de la politique américaine de la démocratie et des droits de
l’homme dans la région, elle a expliqué que sa venue visait principalement à
identifier les besoins de la Tunisie post-révolution, afin de construire un
partenariat solide pour soutenir la transition démocratique. De ses rencontres,
Tamara Wittes a retenu deux grandes lignes de priorités : d’une part, s’atteler
à la crise économique et plus profondément, aux problèmes globaux qui ont été le
terreau de la Révolution, et d’autre part, le besoin d’attirer des
investissements et de créer de la croissance.
Ce dernier point, qui n’entre pas vraiment dans les prérogatives de ce haut
responsable, est déjà ‘pris en compte’ puisqu’une mission d’hommes d’affaires
américains s’est déjà rendue en Tunisie à la fin mars, afin d’impulser des
relations et des opportunités B to B, et que 2 milliards de dollars sont mis à
disposition par les USA pour soutenir les investissements au Moyen-Orient et en
Afrique du Nord (ce chiffre est bien entendu à relativiser avec le poids
économique de la Tunisie dans cet ensemble, ndlr), nous a-t-elle rassurés.
Concernant les défis économiques et sociaux que la Tunisie doit relever, Dr
Wittes a souligné le rôle du MEPI (Initiative de partenariat avec le
Moyen-Orient) qui s’est avéré, depuis 9 ans, être un «outil efficace pour en
apprendre plus sur les réalités locales. La leçon essentielle que nous en avons
tirés est qu’un partenariat doit être guidé par les acteurs de la société civile
qui établissent leurs propres objectifs». En l’occurrence, elle relève le
développement ‘endogène’ de la société civile dans les pays arabes, en
valorisant l’impulsion et la volonté des populations locales le MEPI n’ayant
«apporté que des techniques et des outils, ceux sont les jeunes qui ont fait
changer les choses». Elle poursuit ainsi: «les récents évènements dans la région
ont prouvé que les gouvernements doivent répondre aux aspirations des peuples,
et c’est dans l’intérêt des Etats-Unis de soutenir ces processus».
Donc, la présence américaine reste de l’ordre du background, même en ce qui
concerne le challenge démocratique que représentent les futures élections en
juillet prochain. La sous-secrétaire d’Etat insiste sur le fait que cet enjeu
appartient à la société civile tunisienne: les USA ne feront que répondre aux
demandes qui émaneront du tissu associatif, des partis politiques ou des
autorités. Elle illustre ses propos avec l’exemple des médias tunisiens qui sont
passés en à peine 24 heures d’un statut de médias totalement sous-contrôle
gouvernemental à une situation de médias libres. Ces faits incluent donc toute
une éthique et un ensemble de pratiques à renouveler. D’autres pays ayant
traversé la même épreuve, l’aide américaine pourrait donc se révéler dans un
partage d’expériences entre les acteurs.
«Mais concrètement, comment les USA vont-ils soutenir la transition
tunisienne?». Tamara Wittes revient sur l’aide de 20 millions de dollars
octroyée par l’administration américaine à cet effet, même si le Congrès n’a pas
encore avalisé cette décision («Nous y travaillons, les Démocrates et même les
Républicains ne sont pas opposés à ce vote», rassure-t-elle). Dispatchée par
l’ambassade, elle soutiendra des projets proposés par des organisations
tunisiennes ou internationales, des acteurs de la société civile ou des médias,
en vue de faciliter l’émancipation démocratique du pays.
De même, les USA sont prêts à apporter leur soutien en termes d’organisation ou
de formation pour assurer le bon déroulement des élections, mais ils n’ont pas
encore été sollicités.
Mme Wittes reste convaincue que « les Tunisiens seront en mesure de décider de
leur propre avenir ».