piratage : pas de filtrage d’internet sans loi préalable selon la Cour européenne

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éléchargement en cours (Photo : Joel Saget)

[14/04/2011 12:21:55] BRUXELLES (AFP) Un tribunal ne peut pas obliger un fournisseur d’accès à internet à filtrer toutes les communications pour bloquer celles violant les droits d’auteurs si une loi ne le prévoit pas, a jugé jeudi un avocat général de la Cour européenne de justice à Luxembourg.

L’avocat, Pedro Cruz Villalon, estime que “le droit de l’Union s’oppose à l’adoption par une juridiction nationale (…) d’une mesure ordonnant à un fournisseur d’accès à internet de mettre en place, à l’égard de toute sa clientèle, in abstracto et à titre préventif, aux frais exclusifs de ce dernier et sans limitation dans le temps, un système de filtrage de toutes les communications électroniques transitant par ses services en vue d’identifier sur son réseau la circulation des fichiers contenant une oeuvre (protégée par le droit d’auteur) et ensuite de bloquer le transfert de ceux-ci”.

Une telle mesure n’est admissible que si elle repose “sur une base légale nationale, accessible, claire et prévisible”, précise la Cour dans son communiqué.

L’avis de l’avocat général n’est pas contraignant, mais il est suivi dans 8 cas sur 10 par les juges de Luxembourg quand ils rendent leur arrêt.

Ils sont cette fois saisis par la Cour d’appel de Bruxelles, qui leur a demandé une opinion avant de trancher un différent opposant le fournisseur belge d’accès Scarlet à la société belge de gestion des droits d’auteurs Sabam.

Suite à une plainte de la Sabam, Scarlet a été condamné en première instance par un tribunal belge à empêcher ses clients de recevoir ou envoyer des fichiers contenant une oeuvre musicale du répertoire de la Sabam, sous peine d’astreinte. Scarlet a fait appel.

Dans son avis, Pedro Cruz Villalon souligne que le jugement belge obligerait Scarlet à filtrer toutes les données transitant par son réseau, ce qui “affecterait durablement un nombre indéterminé de personnes morales et physiques”.

Il note aussi que cette obligation a “vocation à être étendue, à terme, à tous les fournisseurs d’accès à internet”.

Or elle limite les droits fondamentaux au secret des communications, à la protection des données personnelles et à la liberté d’information, et n’est pas prévue “de façon expresse, préalable, claire et précise” dans la législation belge, fait-il encore valoir.