été renouvelés manifestent à Athènes le 14 avril 2011 (Photo : Louisa Gouliamaki) |
[15/04/2011 09:54:18] ATHENES (AFP) Un an après avoir été contrainte d’appeler ses partenaires à l’aide, l’économie de la Grèce se trouve dans un état critique, combinant récession aiguë et gonflement de la dette.
Après un an d’austérité drastique, le pays est contraint d’enclencher un nouveau tour de vis budgétaire face à des marchés pariant de nouveau sur une faillite du pays dans le cadre d’une restructuration massive de sa dette.
Un plan de “sortie de crise”, annoncé par le gouvernement vendredi, s’ajoute aux économies réalisées en 2010, obtenues par coupes salariales chez les fonctionnaires, réforme des retraites, hausse des taxes, et refonte des collectivités locales.
Comme certains économistes l’avaient prévu, ces mesures d’austérité d’une rare ampleur, demandées par les créanciers UE et FMI, ont éteint la consommation, provoqué une inflation record (installée à 4,5% en mars), et au final accentué la récession qui avait démarré en 2009. Le PIB de la Grèce a chuté de 4,5% l’an dernier.
Même si la Grèce et ses créanciers assurent que 2011 sera la troisième et dernière année de récession, les perspectives restent peu optimistes sur la capacité du pays à revenir sur les marchés pour emprunter à long terme, les taux grecs restant très élevés (13% sur dix ans).
“La situation reste encore critique, les difficultés sont devant nous (…), mais la Grèce peut peut-être revenir sur les marchés vers la fin 2012”, a estimé Anguélos Tsakanikas, chercheur à l’Institut pour la recherche économique et industrielle (IOBE), proche du patronat grec.
éou, le 7 avril 2011 à Varsovie (Photo : Janek Skarzynski) |
Selon lui, “les coupes salariales de l’année dernière étaient des interventions horizontales, mais les mesures actuelles (de rigueur) se veulent chirurgicales, ce qui est plus dur, visant à fusionner des organismes publics déficitaires, privatiser, et libéraliser encore plus les marchés et les services pour favoriser la concurrence”.
Grâce aux mesures du printemps 2010, la Grèce a réduit en un an son déficit d’au moins cinq points (15,4% du PIB en 2009), “un progrès très important si on tient compte de la récession”, souligne Georges Pagoulatos, professeur d’économie à l’Université d’Athènes.
Toutefois, “malgré cet effet positif, le fardeau de la dette”, qui devrait grimper à 152% du PIB en 2011 –la plus élevée dans la zone euro avant celle de l’Italie (120%) et de l’Irlande (114%), selon le FMI–, “empêche la Grèce de convaincre les marchés qui restent très hostiles”, souligne cet universitaire.
La dette colossale de 330 milliards d’euros, continue de nourrir les arguments des agences de notation (Standard & Poor’s, Moody’s Investors Service) sur l’insolvabilité du pays. Elle a provoqué, en mars, à la veille du sommet de l’UE, un nouvel abaissement de la note souveraine grecque tombée dans la catégorie des pays à risque de défaut de paiement.
En raison de ses efforts de rigueur, le pays a obtenu depuis de ses créanciers un répit, avec un allongement de la période de remboursement du prêt UE-FMI de 110 milliards d’euros et un abaissement du taux d’intérêt. Ce qui devrait lui permettre de lisser le montant des lourdes échéances prévues en 2014 et 2015, espère le gouvernement.
Mais cela n’empêche pas les marchés de continuer de parier sur une restructuration de la dette totale du pays, comportant un non remboursement d’une partie du capital, option catastrophiste qui aurait des répercussions sur toute l’Europe, et qui est démentie quotidiennement par le gouvernement et ses créanciers, UE et FMI.
Jeudi, le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a laissé entendre à Die Welt qu’il attendait d’ici “juin” l’analyse détaillée des mesures de rigueur envisagées par la Grèce pour jauger de la solvabilité du pays et de l’inévitabilité d’une restructuration.