Une enquête réalisée par le Centre Tunisien de Veille et d’Intelligence Economique de l’IACE (CTVIE) montre que l’l’indice de confiance des opérateurs du secteur pour le mois de mars est de l’ordre de -10,1%.
Pour le mois de mars, près de 57% des entreprises ont déclaré ne pas avoir de difficultés d’approvisionnement. En matière de stocks de matières premières ou de demi-produits observés durant les six derniers mois, 44% des réponses affirment qu’ils sont stables par rapport à leurs niveaux habituels, seuls 21,7% évoquent des stocks plus élevés qu’auparavant.
En ce qui concerne les délais de livraison, 60% des réponses affirment qu’ils sont les mêmes que précédemment et 10% des chefs entreprise estiment qu’actuellement les délais sont plus courts.
Pour les stocks de produits finis, près de 45% déclarent que leurs niveaux sont invariants contre 35% déclarant que ces niveaux sont plus faibles. Par rapport au niveau normal, seuls 10% estiment que leurs niveaux de stocks sont supérieurs à la normale, alors que les autres entreprises sont réparties, à parts égales avec 45% pour les niveaux de stock égaux à la normale et 45% pour les niveaux inférieurs à la normale.
S’agissant des parts de marché, près de 62% des entreprises considèrent que les parts de marché sont moins bonnes sur le marché national alors que sur les marchés étrangers seuls 36% sont du même avis.
En termes de rythme d’utilisation des capacités de production des entreprises du secteur manufacturier, les niveaux actuels des opérations sont pour 66,7% des entreprises inférieurs aux niveaux des capacités installées contre 4,8% seulement qui déclarent que les niveaux des opérations actuelles sont supérieurs à leurs capacités.
La relative faiblesse des rythmes d’utilisation des capacités productives ne semble pas avoir un effet significatif sur le niveau de production. En effet, près de 65% déclarent produire autant voire plus qu’auparavant.
En matière de commandes reçues par les entreprises, toutes provenances confondues, 60% des réponses estiment qu’elles sont moins bonnes qu’auparavant contre 20% d’entre elles qui estiment qu’elles sont les mêmes et autant affirment que les commandes sont meilleures que précédemment.
Pour ce qui concerne les prix de vente, les réponses des entreprises différent selon qu’il s’agisse du marché local ou du marché étranger. Pour le premier marché, 45,5% des sondés affirment que le prix de vente est strictement plus faible qu’auparavant alors que pour les marchés extérieurs, seuls 33% des entreprises sont de cet avis sur l’évolution des prix.
Sur les délais de paiement, 87% des chefs d’entreprise affirment qu’ils ont tendance à s’allonger plus qu’auparavant.
Appréciations pour le prochain semestre: une dose d’optimisme
Concerne les six prochains mois, les appréciations des chefs d’entreprise de l’industrie manufacturière sont relativement plus optimistes que celles relatives au présent ou au passé.
Sur l’ensemble des entreprises interrogées, près d’un chef d’entreprise sur deux estime que la situation économique globale sera meilleure durant les six prochains mois, et près de 35% des répondants prévoient que la situation sera similaire à la situation actuelle.
Pour l’évolution future dans le secteur manufacturier, les avis sont plus tempérés du fait que la proportion de ceux qui estiment que la situation va rester stable ou va s’améliorer n’est que de 56% des enquêtés.
En confirmation des résultats précédents, on retrouve une proportion voisine de 56% de chefs d’entreprise qui considère que la production au cours des six prochains mois sera de même niveau voire d’un niveau plus élevé.
Dans le même ordre d’idées, on observe à peu près la même proportion de chefs d’entreprise qui estime une évolution stable ou croissante des commandes toutes provenances confondues.
Pour les entreprises exportatrices, les perspectives de vente durant le prochain semestre sont pour 60% des réponses les mêmes ou meilleures que celles qui prévalent actuellement.
S’agissant de l’évolution future des prix de vente, les anticipations à la hausse sont évoquées par 33% pour le marché local et par 41% pour les marchés étrangers. Dans le même ordre d’idées, près de 61% estiment que la situation financière sera la même ou meilleure que la situation actuelle.
En matière d’investissement, la conjoncture n’est toujours pas très favorable puisque près de 87% des chefs d’entreprise interrogés estiment que la situation actuelle n’est pas propice à l’engagement de dépenses d’agrandissement des installations ou d’accroissement des stocks de machines ou de matériels. Les 13% d’entreprises ayant répondu favorablement estiment en grande majorité, avec près de 84% des réponses, qu’elles comptent accroître leur investissement d’un niveau variant entre 10% et 20% des capacités installées.
Les obstacles aux investissements les plus évoqués par les chefs d’entreprise sont dans l’ordre décroissant: les politiques économiques gouvernementales avec près de 30% des obstacles cités, la faiblesse de la demande et la faiblesse des liquidités globales de l’entreprise (près de 25% chacune).
Les politiques économiques gouvernementales concernent en fait la persistance de l’insécurité, l’existence du marché parallèle, le rôle croissant des syndicats, etc.
De nouveau, confiants dans l’industrie manufacturière
Etant donné les soldes d’opinion aux diverses questions, et notamment les soldes relatifs aux questions qui impliquent la dynamique future du secteur, on peut évaluer l’indice global de confiance du secteur pour le mois de mars. Cet indice est susceptible de varier entre -100% et +100%. Une valeur de +100% signifie que toutes les appréciations relatives aux variables clés de l’évolution future sont totalement favorables. La valeur de -100% signifie le contraire.
Le calcul de la moyenne des soldes d’opinion situe l’indice de confiance des chefs d’entreprises de l’industrie manufacturière pour le mois de mars 2011 à un niveau proche de –10,1%.
Cette valeur traduit certes une appréciation assez négative de la situation future mais elle constitue néanmoins une amélioration des appréciations relatives à la situation passée et présente. Cela signifie que l’indice aurait pu être encore plus pessimiste si la mesure avait été réalisée un mois et demi auparavant. On aurait eu alors une valeur proche de celles du secteur bâtiment ou le secteur commerce avec respectivement -16% et –17%.
La comparaison avec l’indice du secteur des services dont la valeur avoisine –5,2% n’est pas opportune en raison des capacités d’adaptation de ce secteur qui font de lui un secteur plus à l’abri de la difficile conjoncture que traverse momentanément la Tunisie.
Par ailleurs, l’indice de l’industrie manufacturière aurait pu prendre une valeur négative plus importante s’il n’avait pas été quelque peu tempéré par les appréciations positives des chefs d’entreprise relatives à l’évolution des marchés étrangers en termes de prix de vente et de commandes.
Ainsi, à l’instar des secteurs bâtiment et commerce, l’industrie manufacturière enregistre des appréciations en baisse pour ce qui concerne le premier trimestre de l’année courante et laisse pointer un relatif optimisme pour les mois à venir.