ée (Photo : Lionel Bonaventure) |
[16/04/2011 11:13:21] PARIS (AFP) Encore floue, la prime exceptionnelle pour les salariés d’entreprises versant des dividendes, envisagée par le gouvernement, est d’ores et déjà décriée comme inégalitaire, tant pour les salariés que pour les employeurs, avec un effet limité sur le pouvoir d’achat.
Du côté des entreprises, l’inquiétude, déjà exprimée par le Medef et la Confédération générale des petites et moyennes Entreprises, est grande.
“Ce débat méconnaît la diversité du tissu économique français et continue d’assimiler la situation de nos entreprises à celles de grands groupes cotés”, a encore réagi vendredi la Chambre des commerce et d’industrie de Paris.
“Pour toutes les entreprises qui versent des dividendes mais ne sont pas d’une extrême solidité, leur demander de verser 1.000 euros, ça peut faire mal”, résume Antoine Richard d’Entreprise et Personnel, une association de Directeurs des Ressources humaines (DRH).
Pour Jean-Christophe Sciberras, président de l’Association nationale des DRH, “les entreprises apprécient que les règles du jeu soient connues à l’avance”. “Les changer en cours d’année, ce n’est pas une bonne idée, d’autant que les négociations salariales sont quasiment terminées partout”, observe-t-il.
Les syndicats ont, eux, fustigé une prime qui ne concernera pas des millions de salariés, la mesure ne devant s’appliquer ni au service public, ni aux entreprises ne distribuant pas de dividendes, ni aux sous-traitants qui participent à la création de la valeur ajoutée des grosses sociétés.
Pour le patron de la CFDT François Chérèque, cette mesure risquerait “d’alimenter une forme de populisme” en “créant “une opposition entre salariés de grands entreprises qui font des bénéfices et salariés de petites entreprises”. “Cette proposition de débattre de la distribution des richesses est utile (…) mais de cette façon-là, ça amènera plus de frustrés que de satisfaits”, a estimé M. Chérèque samedi sur France Culture, jugeant qu’elle concernerait “15, 20% des salariés”.
La CGT et FO réclament, à la place, une revalorisation des salaires.
Selon Antoine Richard, “si on ne vise que les très grosses sociétés, on ne va pas viser grand monde. Si l’objectif est le pouvoir d’achat, il faut élargir l’assiette”. Déjà, les dispositifs de redistribution de la richesse des entreprises vers les salariés du privé (participation, intéressement et épargne salariale) ne touchent qu’une partie de la population.
Fin 2008, un peu moins de six salariés sur dix du secteur marchand (hors agriculture), avaient accès à au moin un de ces dispositifs, (9,3 millions de personnes), selon les derniers chiffres officiels.
Mais seuls 7,6 millions ont effectivement perçu une prime ou bénéficié d’un abondement de leur employeur à leur épargne. Avec des disparités criantes : 92% des salariés des entreprises de plus de 500 salariés ont accès à au moins un dispositif, contre 11,6% de ceux des très petites.
“Il faut faire attention avant de lancer tout d’un coup qu’on va distribuer de l’argent: cela risque de créer des espérances qui risquent fort d’être déçues”, estime Jean-Christophe Sciberras.
“C’est un geste politique” visant à apaiser les exaspérations des salariés face aux “distributions colossales de dividendes faites dans certains groupes”, juge Sylvain Niel, directeur associé du cabinet d’affaires Fidal.
Car, comme le souligne le Crédit agricole dans une note, “la problématique des salaires devient centrale”. “La progression des salaires devrait rester modérée en 2011”, prévoit la banque et, avec la remontée de l’inflation, “se pose la question de l’évolution du pouvoir d’achat des ménages”.