Dette de la Grèce : les mots de Berlin sèment le trouble à Washington

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üble le 31 mars 2011 (Photo : Philippe Lopez)

[17/04/2011 12:27:12] WASHINGTON (AFP) Des déclarations venues de Berlin sur la possibilité que la Grèce puisse ne pas honorer toute sa dette publique ont semé le trouble à Washington, où les bâilleurs de fonds du pays ont assuré deux jours durant qu’il ne se passerait rien de tel.

L’idée d’une restructuration de la dette grecque fait l’objet de toutes les spéculations depuis de longs mois.

Jeudi, le ministre des Finances allemand Wolfgang Schaüble les a attisées en affirmant dans l’hebdomadaire Die Welt que si une analyse de la viabilité de la dette grecque en juin montrait que la Grèce n’était pas sur une trajectoire soutenable, alors “il faudrait décider quelque chose”, évoquant “de nouvelles mesures”.

Les investisseurs ont alors estimé qu’il envoyait un signal pour préparer les créanciers à perdre de l’argent, et ont envoyé la valeur des titres de dette grec à des profondeurs jamais atteintes.

A 6.700 km de là, son homologue luxembourgeois Jean-Claude Juncker, qui participait aux réunions semestrielles du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, a rapidement réagi: “Ce n’est même pas une possibilité”, a-t-il dit vendredi.

Le directeur du FMI pour l’Europe, Antonio Borges, a expliqué de son côté qu’en privatisant, la Grèce aurait les ressources qu’il faut.

M. Schaüble, arrivé à Washington, assurant vendredi que ses propos avaient été “mal interprétés”.

Mais un de ses collègues au gouvernement, le ministre aux Affaires européennes Werner Hoyer, membre d’un autre parti, déclarait le même jour à l’agence d’informations financières Bloomberg News qu’une restructuration “ne serait pas un désastre”.

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à Washington le 16 avril 2011 (Photo : Nicholas Kamm)

Samedi, les Grecs redisaient ce qu’ils ont toujours dit. “Restructurer n’est tout simplement pas à l’ordre du jour” car “les sacrifices et le coût sont plus élevés que les avantages”, insistait le ministre des Finances grec, Georges Papaconstantinou.

Il indiquait ne pas avoir lu les déclarations de M. Hoyer, et ne pas avoir croisé M. Schaüble.

Le directeur du FMI, Dominique Strauss-Kahn, était sur la même ligne. “Vous aimez que je répète, alors je vais répéter […] Jusqu’ici, nous travaillons sur le programme tel qu’il a été décidé”, lançait-il à la presse.

Face aux questions insistantes des journalistes, une source proche de la Troïka (Commission européenne, Banque centrale européenne et FMI) en charge de l’aide à la Grèce, plaisantait en affirmant à l’AFP: “il faudrait presque que le pape déclame dimanche en 16 langues ‘pas de restructuration de la dette grecque’!”

Il y a un an, M. Papaconstantinou était le centre des attentions à Washington et pariait que les spéculateurs “perdraient leur chemise” en pariant contre son pays.

Mais Athènes, malgré tout sa bonne volonté, est aujourd’hui encore plus incapable qu’à l’époque d’emprunter sur les marchés à des coûts raisonnables.

Interrogé pour savoir s’il envisageait que la Grèce reste sous perfusion au-delà de 2013, date à laquelle doivent s’arrêter les versements du FMI et des partenaires européens, M. Papaconstantinou a répondu: “J’espère certainement que non”.

Le gouvernement a annoncé vendredi un plan de 12 à 16,5 milliards d’euros de privatisations d’ici à 2013, doublé d’économies budgétaires supplémentaires en 2011.

Le pays résoudra “en profondeur” ses problèmes “non pas en restructurant la dette, mais en restructurant le pays”, a martelé le Premier ministre Georges Papandréou.