Outre les diktats des “conventions”, les satations de radio et les chaînes de
télévision privées étaient soumises à une surveillance des contenus de leurs
programmes.
Les stations de radio et les chaînes de télévision privées, qui ont signé des
conventions avec l’Etat du temps du règne des
Ben Ali-Trabelsi, n’ont pas toutes
toujours eu la vie facile. “Mais avant d’aller plus loin, il faut insister sur
le fait que ces “conventions” n’ont pour ainsi dire de conventions que
pratiquement le nom”, rappelle un juriste qui affirme avoir été au fait du
contenu de l’une d’entre elle.
Pourquoi? Parce que ces conventions comportent, et pour l’essentiel, une liste
d’obligations à respecter par les différents promoteurs. Rien à voir, donc, avec
les contrats qui comportent des droits et des devoirs. Dans le cas d’espèce, il
n’y a que des “injonctions”: ne pas diffuser de bulletins ou de journaux en
dehors de ce qu’impose la convention, ne pas diffuser de programmes en direct à
partir de stations de radios étrangères, soumettre trois mois à l’avance les
grilles de programmes…
Et ce n’est pas tout, parce que les diktats que comportent les conventions
valent peu de chose par rapport à la pratique quotidienne. Un quotidien fait
d’une surveillance des contenus des programmes. La moindre phrase, le moindre
mot sont repris dans des rapports d’écoute établis quotidiennement.
Mille et une manières d’obtenir gain de cause
Et lorsque quelque chose n’est pas dans la ligne souhaitée, la réaction est
toujours de rigueur. Et les injonctions tombent: obligation est faite d’opérer
les montages “nécessaires” avant rediffusion, ordre peut être donné de ne pas
rediffuser le programme ou de ne pas introduire l’émission en question sur le
site web du média audiovisuel concerné.
Il est même arrivé de convoquer les responsables pour leur signifier de ne plus
faire appel à tel ou tel animateur ou producteur, de ne plus faire de direct ou
de soummetre les conducteurs et la liste des invités avant diffusion voire
d’arrêter la diffusion d’un programme.
Et gare à ceux qui refusent d’éxécuter les ordres donnés: il y a mille et une
manières d’obtenir gain de cause. Et les responsables d’exécuter à la lettre ou
presque les dicktats. La menace était, elle aussi, toujours là: cesser la
diffusion ou fermer le robinet de la publicité.
L’héritage –on le remarque- n’est pas des plus reluisants. Comment le dépasser?
Il est évident que la jeune démocratie tunisienne ne va pas, pour reprendre une
formule bien connue, “réinventer la roue”. Beaucoup de pays qui nous ont précédé
ont choisi deux voies: promulger des textes et créer des institutions capables
de mettre l’audiovisuel sur les bonnes rails.
La mise en place d’une loi sur l’audiovisuel pourrait être un choix salvateur.
Celle-ci pourrait mettre les bases d’une réforme qui instituerait, dans un élan
tranparent, les conditions de l’édition de services de radiodiffusion:
proclamation de la liberté dans ce domaine; lancement d’appels à candidature
avec des exigences techniques, financières… –car il est faux de penser que
tout le monde pourra créer une radio ou une télévision-; conditions
d’attribution des fréquences; création d’une structure de régulation et
difinition de sa composition, de ses missions et règles de fonctionnement…
D’autres lois peuvent être promulgées comme celle concernant le contenu des
cahiers de charges ou de mission, ou encore sur l’audiovisuel public qui
existent dans toutes les démocraties.
Côté institutions, une instance de régulation n’est pa suffisante, l’audiovisuel
se nourrit de beaucoup d’autres structures. Toutes ne sont pas créées par des
lois –loin s’en faut. C’est l’affaire, d’abord, des professionnels: éditeurs de
services de radiodiffusion, annonceurs, producteurs, instituts de formation,
agences de publicité, université, chercheurs…
Des structures comme l’Union des annonceurs ou encore l’IREP (Institut de
Recherches et d’Etudes Publicitaires) ou encore Médiamétrie -qui mesure
l’audience-, sont le fait des professionnels eux-mêmes qui ont décidé de se
prendre en charge pour assurer la pérennité de leurs activités et de les
promouvoir dans le cadre de la collaboration et en toute transparence. Une riche
littérature professionnelle est disponible, à ce niveau, à commencer sur
Internet, pour quiconque souhaite se faire une idée claire.
Les médias eux-mêmes ont décidé, par exemple, dans de nombreux pays, d’instituer
volontairement la fonction d’Ombudsman que l’on appelle aussi médiateur, dont la
fonction essentielle consiste à veiller aux règles professionnelles et
déontologiques et à trancher les désaccords entre journalistes et lecteurs.
A suivre : Le téléjournal a-t-il changé?