Le projet d’une prime aux salariés fait son chemin dans la confusion

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à Washington (Photo : Nicholas Kamm)

[18/04/2011 10:41:57] PARIS (AFP) Le projet gouvernemental d’une prime pour les salariés des entreprises distribuant des dividendes fait son chemin dans la confusion, la ministre de l’Economie Christine Lagarde s’efforçant de rassurer le patronat hostile à tout dispositif obligatoire imposé par l’Etat.

Développant une idée du président Nicolas Sarkozy, le gouvernement a dévoilé la semaine dernière qu’il planchait sur la création d’un tel mécanisme, afin de mieux répartir les bénéfices des entreprises.

Le ministre de Budget François Baroin avait évoqué un montant d'”au moins 1.000 euros” pour cette prime.

Lundi, Christine Lagarde a pris le contre-pied de cette idée: “Je ne pense pas qu’on puisse lui donner un caractère obligatoire dans son montant”, a-t-elle déclaré.

“C’est très important de mon point de vue que les montants, les modalités, la façon dont tout cela s’organise soit négocié entre d’une part les patrons et d’autre part les représentants des salariés”, a-t-elle défendu.

Le mécanisme auquel le gouvernement réfléchit est une exonération de charges sociales “pour que les entreprises puissent payer des primes exceptionnelles à leurs salariés, à titre négocié”, a encore précisé la ministre.

Quant au montant de 1.000 euros évoqué par François Baroin, elle a déclaré que, pour elle, cette somme devait être considérée comme un plafond jusqu’auquel l’Etat fera des exonérations de charge.

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à Rennes (Photo : Damien Meyer)

Ces propos ont semblé rassurer le patronat, qui avait affiché la semaine dernière une opposition farouche au projet.

“C’est une bonne nouvelle”, a réagi la présidente du Medef, Laurence Parisot, qui avait exprimé sa “stupéfaction” devant une mesure “incompréhensible”, lorsque les premières informations sur le projet gouvernemental étaient apparues.

“Reste à voir le mécanisme qui pourrait être envisagé par le gouvernement dans cette idée de lien avec la distribution de dividendes”, a-t-elle toutefois nuancé.

Le président de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME), Jean-François Roubaud, a également jugé “rassurants” les propos de Christine Lagarde. “Tous les jours, c’est un petit peu mieux”, a-t-il déclaré à l’AFP.

Dimanche, le ministre du Travail, Xavier Bertrand, avait précisé que la mesure concernerait “les entreprises dans lesquelles il y a des dividendes qui progressent”, sous-entendu les grandes entreprises principalement.

Pour “les autres entreprises, il faut que ce soit les salaires qui bougent”, a précisé le ministre.

“Si on augmente les salaires, on est piégé définitivement”, a estimé le président de la CGPME, qui s’est dit favorable à un mécanisme d’exonérations de charges sociales, mais “pour toutes les entreprises”, pas seulement les grosses entreprises qui distribuent des dividendes.

“Sinon, on va creuser un écart encore plus important entre les entreprises qui font des très bons résultats, qui sont en général des très grandes entreprises et les PME et TPE (très petites entreprises)”, a-t-il prévenu.

Les syndicats de leur côté sont toujours aussi réticents devant le projet d’une telle prime, lui préférant des hausses de salaires.

“S’il y a une prime, les gens la prendront, c’est évident. Mais ça ne règle pas le problème du pouvoir d’achat”, a estimé Jean Claude Mailly, secrétaire général de FO.

De son côté, le secrétaire général de la CFDT, François Chérèque, a indiqué que l’idée de la prime allait faire “beaucoup de déçus et très peu d’élus”, incitant également le gouvernement à décider d’un “coup de pouce” pour le Smic.

Le Smic devrait augmenter autour de 2% au 1er juillet prochain, a déclaré lundi Christine Lagarde, mais pour s’ajuster mécaniquement à l’inflation.