Irlande : une fièvre spéculative nationale à l’origine de la crise

photo_1303234345934-1-1.jpg
à Dublin (Photo : Peter Muhly)

[19/04/2011 17:33:49] DUBLIN (AFP) La crise bancaire irlandaise a été provoquée par une fièvre spéculative qui s’est emparée du pays au début du millénaire, a conclu un rapport officiel remis mardi au gouvernement, tout en dénonçant au passage les lourdes responsabilités des banques et des autorités.

Selon ce rapport, la crise qui a ravagé le secteur bancaire national et contraint Dublin à négocier l’an dernier un plan de sauvetage international, est la conséquence d’une “folie spéculative nationale”, qui s’est emparée de l’ensemble de la société et a provoqué l’apparition d’une bulle sur le marché immobilier entre 2003 et 2009.

Pendant cette période, les banques irlandaises ont prêté à tout-va à des ménages avides d’investir dans l’immobilier dans l’espoir d’empocher des plus-values juteuses.

Mais le système bancaire s’est retrouvé à genoux après l’éclatement brutal de cette bulle, ce qui a obligé l’Etat à secourir les banques au prix d’un déficit public astronomique et a forcé au final le pays à accepter l’an dernier l’aide de l’Union européenne (UE) et du Fonds monétaire international (FMI).

Tout en décrivant en détail la responsabilité collective de “la société irlandaise”, ce rapport, dirigé par l’expert bancaire finlandais Peter Nyberg et qui avait été commandé par l’ex-Premier ministre irlandais Brian Cowen, critique sévèrement le gouvernement, les instances de régulation et les banques pour avoir échoué à enrayer cet emballement.

Le rapport accuse notamment les établissements financiers et les institutions chargées de les superviser d’avoir fait montre d’un comportement “moutonnier” ou d’une “mentalité de groupe”, confortés qu’ils étaient par une croyance à toute épreuve en l’efficacité des marchés financiers.

“La promptitude des banques à endosser des risques sans cesse plus élevés en fournissant des prêts de montants toujours plus élevés, jusqu’à en devenir choquants (…), était l’une des raisons de la fragilisation du secteur financier en Irlande”, relèvent les auteurs du rapport.

Ils rejettent catégoriquement l’argument, souvent mis en avant par l’ancien gouvernement de Brian Cowen, au pouvoir jusqu’au début de cette année, qui voudrait que la crise bancaire irlandaise ait été provoquée par des facteurs internationaux, même si ceux-ci ont indéniablement contribué à précipiter les choses.

“Les problèmes, qui ont provoqué la crise et expliquent son ampleur, sont le résultat de décisions et d’actions intervenues en Irlande, même si certaines ont été rendues possibles par des événements internationaux”, conclut le rapport.

Le ministre des Finances Michael Noonan a salué ce document et souligné la volonté du gouvernement de réformer en profondeur la régulation du secteur bancaire.

Il a rappelé notamment que le gouvernement, dirigé depuis mars par le centriste Enda Kenny, projetait une réforme constitutionnelle visant à élargir les pouvoirs du parlement dans ce domaine. Cette réforme devrait faire l’objet d’un référendum. Le nouveau gouvernement veut également renforcer les pouvoirs du ministère des Finances et de la banque centrale, et obliger les banques à renouveler d’ici 2012 les membres de leurs conseils d’administration.