Mené par Faouzi Belhadj, Walid Gaddès, Faouzi Zaghbib et Jameleddine Aouididi,
le Comité ”Sauvons
l’UTICA” propose un remède de cheval pour sortir la
Centrale patronale de la crise; avec la désignation d’un comité de gestion en
lieu et place du BE actuel, la refonte des statuts et l’organisation de
nouvelles élections.
Nous leur avons posé quatre questions qui nous semblent urgentes en l’état
actuel de la Tunisie où rien n’est possible sans un patronat serein.
En dehors des rencontres publiques entre vous et l’actuel BE de l’UTICA, y
a-t-il eu des rencontres pour rapprocher les idées en coulisses?
“Nous avons épuisé toutes les cartouches. Notre premier communiqué a déjà évoqué
une réconciliation après l’élargissement du BE à toutes les régions et les
secteurs. Nous avons accepté le Conseil national avec M. Mohamed Ben Sedrine,
président de l’UTICA, et d’autres, mais ils n’ont annoncé les noms qu’à la fin
du Conseil pour ne pas nous laisser le temps de réagir.
Taoufik Laaribi, de l’Union de Sousse, a affirmé en public qu’il acceptait le
principe des 5+5+5 alors que la moitié de ces unions sont rejetées par la base
pour laquelle les présidents d’Union qui sont affiliés au RCD sont
inacceptables… mais nous avons accepté le principe que Ben Sedrine reste. Cela
n’a abouti à rien et, de plus, on nous a demandé de laisser tomber notre plainte
en justice pour corruption (contre l’ancien président de l’UTICA et 6 autres).
Nous avons beaucoup fait pour la réconciliation mais nos efforts ne sont
parvenus nulle part“.
Comment préserver alors la continuité de l’UTICA qui est si précieuse pour nos
entreprises et notre économie?
“En l’état actuel des choses, il ne peut y avoir de continuité! Les membres du
BE s’accrochent alors que cette poignée de personnes s’érige contre tout.
Sahraoui, il y a juste quelques jours, présidait une Union régionale comme si de
rien n’était. Ils ne voient, en définitive, que leurs intérêts et nous estimons
qu’il est légitime d’exiger des gens intègres qui n’ont jamais été mouillés“.
Les 20 mille emplois à créer sollicités en urgence par le Gouvernement sont-ils
possibles dans ces conditions? Quelle solution dans l’urgence?
“L’emploi est une affaire qui concerne tous les Tunisiens. Et si l’UTICA doit
prendre des mesures, il faut bien comprendre que l’emploi n’est pas un objectif
en soi. Car, tant qu’il n’y a pas d’investissement, il n’y aura pas d’emploi et
tant qu’il n’y a pas de sécurité, il n’y aura pas d’investissement. En vérité,
nous sommes plutôt en train de perdre des emplois. Si la sécurité ne revient
pas, si l’UTICA ne réfléchit pas à la manière de faire progresser le patronat,
nous n’irons nulle part.
Nous ne voulons pas de rêves inconsidérés. Comment rendre à l’entreprise sa
place et restaurer la légalité? Voilà le point essentiel. On reparlera alors de
chiffres basés sur des réalités. De plus, nous nous interrogeons sur les
chiffres: pourquoi le gouvernement a dit ce chiffre plutôt qu’un autre, pourquoi
pas 15 mille ou 30 mille plutôt que les 20 mille dont il est question
aujourd’hui? Nous voulons également que le Gouvernement nous dise clairement où
va le pays… nous ne le savons pas encore!“
A la limite, envisagez-vous une scission avec l’UTICA en créant une nouvelle
Centrale patronale?
“Nous sommes contre la scission. Si nous avions voulu la scission, nous ne
passerions pas trois mois à organiser le sauvetage. Et nous sommes contre toute
formation parallèle, en l’état actuel des choses. L’UTICA n’est pas une chasse
gardée. Les personnes passent, les institutions restent. Notre but c’est de
sauver la période transitoire pour réconcilier l’entreprise avec son
environnement et nous sommes donc ouverts à toutes les personnes sincères. Nous
sommes déjà présents dans 15 gouvernorats et nous pouvons faire des propositions
concrètes. Mais pourquoi d’autres ont-ils créé des structures parallèles? Parce
que la persistance du BE actuel conduit à cette logique. Nous voulons la
continuité mais à des conditions objectives“.