à Washington le 16 avril 2011 (Photo : Nicholas Kamm) |
[20/04/2011 15:21:52] FRANCFORT (Allemagne) (AFP) Faute de pouvoir lancer son propre poulain dans la course à la présidence de la BCE, l’Allemagne semble se résigner à soutenir la candidature de l’Italien Mario Draghi.
Berlin, qui n’a plus de candidat depuis que le président de la Bundesbank Axel Weber a renoncé, répète qu’il est prématuré de spéculer sur la succession du Français Jean-Claude Trichet en octobre à la tête de la Banque centrale européenne (BCE).
Mais l’idée qu’il n’y a pas de véritable solution alternative à M. Draghi, 63 ans, gouverneur respecté de la banque d’Italie, a manifestement fait son chemin.
L’influent et respecté ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, cacique du parti conservateur CDU d’Angela Merkel, “pense que M. Draghi est quelqu’un de très compétent”, glisse-t-on dans son entourage.
“La BCE doit être un havre de la stabilité des prix. Selon nous il est fondamental que son président soit le garant de la stabilité de la politique monétaire”, a souligné à l’AFP Klaus-Peter Flosbach, député et porte-parole de la CDU sur les questions de politique financière.
Or M. Draghi, que les médias allemands surnomment déjà “Super Mario”, s’est efforcé ces derniers mois de flatter l’Allemagne, un “modèle”, et de peaufiner sa bonne réputation en insistant sur la nécessité de défendre la crédibilité de la politique monétaire européenne.
Les libéraux du FDP, qui gouvernent à Berlin avec la CDU, ont aussi visiblement changé leur fusil d’épaule. “Il n’y a pas d’autre solution que Draghi. Nous allons soutenir l’Italien”, selon une source FDP citée dans le Handelsblatt mercredi.
La chancelière, dont l’avis sera décisif, garde pour l’instant le silence. La décision de l’Allemagne “sera prise et rendue publique peu avant la décision des instances européennes” sur l’identité du président, attendue fin juin, a rappelé mercredi son porte-parole.
Le fauteuil de la BCE est un poste clé dont l’importance s’est accrue avec la crise de la dette publique en zone euro et les inquiétudes des marchés sur une contagion à l’Espagne des difficultés de la Grèce, du Portugal et de l’Irlande.
Berlin n’a plus de candidat digne de ce nom depuis que le président de la Bundesbank Axel Weber, dont l’intransigeance ne plaisait pas à tout le monde, a renoncé en février.
Ardente avocate du respect des critères européens de stabilité et de la lutte contre l’inflation, l’Allemagne a longtemps refusé de jouer la carte de M. Draghi, citoyen d’un Etat jugé peu regardant sur les déficits publics.
Berlin a eu beau assurer dès février que le choix du successeur de M. Trichet “n’était pas une question de passeport”, sa nationalité est pourtant bien le principal défaut de l’Italien aux yeux de la chancelière, décrypte-t-on à Berlin. Et ce d’autant plus que la vice-présidence de la BCE est déjà assurée par un autre “sudiste”, le Portugais Vitor Constancio.
Professeur d’économie, directeur du Trésor italien de 1991 à 2001, Mario Draghi a gagné une stature internationale durant la crise comme président du Conseil de stabilité financière (CSF), ce qui lui vaut l’estime des milieux d’affaires, allemands y compris. Il aurait également le précieux soutien de la France.
Ses critiques pointent toutefois des ombres dans son CV, comme son passage de 2002 à 2005 à la banque d’affaires américaine controversée Goldman Sachs, soupçonnée d’avoir aidé la Grèce à l’époque à camoufler des montagnes de dettes.