à Sanaa le 18 avril 2011 (Photo : Mohammed Huwais) |
[20/04/2011 16:49:35] SANAA (AFP) Jeunes et instruits comme la plupart des protestataires de Sanaa, les frères Shamakh passent leur temps à filmer les manifestations et à les mettre en ligne pour aider à la mobilisation contre le régime du président Ali Abdallah Saleh.
Les téléphones portables et les cafés internet pullulent place de l’Université de Sanaa, épicentre de la contestation et lieu d’un sit-in tenu jour et nuit par les irréductibles.
“Nous utilisons Facebook pour faire diffuser nos vidéos et nos photos des protestations. On le fait par le moyen d’une sorte de salle de commandement qui répand la vérité et la réalité de la révolution yéménite”, explique Ibrahim Shamakh, 24 ans.
“Facebook a prouvé son efficacité en Egypte et en Tunisie et il nous sert aujourd’hui au Yémen”, ajoute-t-il. Les réseaux sociaux ont joué un rôle de premier plan dans la mobilisation contre les régimes de Zine El Abidine Ben Ali en Tunisie et de Hosni Moubarak en Egypte.
Les manifestations sont quotidiennes place de l’Université, rebaptisée Place Taghiir (Changement). Les “jeunes de la révolution”, comme ils se plaisent à se faire appeler, rivalisent d’ingéniosité pour faire entendre leur voix.
Le slogan principal est emprunté à la révolte tunisienne et consiste à crier “le peuple veut la chute du régime”. La foule répète aussi “Dégage Ali” et “Sit-in jusqu’à la chute du gouvernement”.
Face à l’opposition qui exige son départ immédiat, M. Saleh, dont le mandat court normalement jusqu’en 2013, affirme ne vouloir céder le pouvoir que dans le cadre d’une transition conforme à la Constitution.
Les manifestants tiennent, en dépit d’une répression féroce. Pas moins de 52 manifestants ont été tués lors d’un raid de la police et de partisans du régime le 18 mars. Mais depuis, il sont protégés par les soldats du général Ali Mohsen al-Ahmar qui s’est joint au mouvement avec ses troupes de la 1re division blindée.
Tout comme Ibrahim, son frère Ismaël pense que Facebook explique la force de la mobilisation sur la place de l’Université, qui ne désemplit pas depuis des semaines.
“Facebook a été l’un des stimulants de cette révolution et y joue un rôle primordial. Nous utilisons Facebook pour montrer les faits et nous pensons que ce réseau nous conduira vers une victoire prochaine”, dit-t-il avec confiance.
Hamoud Haza?a, un ancien journaliste de l’agence officielle Saba, a renoncé à son emploi pour “servir” lui aussi la révolte. Sa page sur Facebook, qui compte 15.000 abonnés, ressemble à une télévision d’information en continu.
“Je pense que la vérité se révèle (mieux) sur Facebook et les autres réseaux sociaux que sur les télévisions qui ont une ligne les obligeant à peu de neutralité”, estime-t-il.
Le recours à Facebook permet en outre aux jeunes militants de travailler dans un environnement relativement sécurisé et de démultiplier leur action, selon lui. “On a créé des groupes et des mouvements qui coordonnent entre eux toutes les actions concernant la révolution. C’est un moyen de communication, et nous avons commencé à élaborer et à discuter des principes et des objectifs pour notre révolution”, dit-il.