Yassine Ibrahim, ministre du Transport et de l’Equipement du gouvernement provisoire, ne semble pas vouloir perdre du temps durant cette période transitoire. Douze visites sur le terrain ont été effectuées dans les régions, «Avant la fin du mois de mai 2011, on compte faire le tour de tous les gouvernorats», affirme le ministre, lors de la conférence de presse du 20 avril 2011. Mais la tâche n’est pas aussi facile. Les chantiers sont multiples et les dérapages n’ont épargné aucune activité des secteurs du transport et de l’équipement.
L’approche régionale fait l’unanimité au sein des différents ministères. M. Ibrahim souligne qu’il s’agit de consacrer la décentralisation de la prise de décision dans les régions et de diagnostiquer les besoins spécifiques de chaque gouvernorat. L’objectif étant d’accélérer les projets d’infrastructure et la réalisation de nouveaux projets porteurs de valeur ajoutée pour la région afin de créer des postes d’emploi et stimuler la dynamique économique. A moyen terme, il s’agit d’achever la réalisation de l’autoroute Ennfidha – Gafsa, l’autoroute Sfax – Gabès – Mednine et l’autoroute Béja – Jendouba – Ghardimaou.
Des actions de suivi..
Le ministre affirme que plus d’une centaine d’actions de suivi ont été effectuées à la suite des visites. Pour lui, c’est une question d’arbitrage budgétaire. «Ça nous a permis de détecter certains projets qui sont facilement réalisables», ajoute-t-il. Un intérêt particulier est porté également pour les pistes rurales dans les délégations intérieures. 1.760 km ont été aménagés jusque-là pour un coût de 300 MDT et 500 autres km ont été construits pour 30 MDT. La longueur des procédures ayant eu raison de la concrétisation de ces projets qui étaient mal diagnostiqués auparavant.
On annonce le lancement des travaux d’amélioration de la ligne ferroviaire Tunis – Kalâa Khesba (15 MDT) et la poursuite de l’étude de faisabilité de la ligne ferroviaire Ennfidha – Kairouan – Hajeb Layoun et le renouvellement de plusieurs parcelles des lignes ferroviaires du bassin minier de Gafsa. Toujours à Gafsa, il s’agit d’entamer des travaux d’aménagement afin d’augmenter la capacité d’accueil des voyageurs et des marchandises. Au niveau procédural, on vise à réduire les délais de réalisation et d’étude des dossiers en discussion avec la commission supérieure des marchés et les bailleurs de fonds.
Concernant le projet RFR, le ministre indique que le pourvoyeur avait annulé provisoirement le chantier. Il devrait redémarrer en 2012, son budget a été redistribué sur les régions.
Apporter des solutions stratégiques..
D’un autre côté, le ministre a affirmé qu’il faudra miser sur les ressources humaines du ministère pour rétablir la confiance entre les citoyens et les autorités publiques. Le retard dans la réalisation des projets n’est pas seulement d’ordre matériel ou logistique mais aussi d’ordre humain. Les dérapages qui ont concerné certains chantiers dans le transport ou dans l’équipement sont actuellement en cours d’étude par la commission d’investigation. M. Ibrahim n’a d’ailleurs pas voulu s’y prononcer, se contentant de dire que ceci relève désormais de la justice.
Concernant les entreprises publiques, objet de polémiques, actuellement, il a affirmé que ces dossiers demanderont du temps. «Tunisair est un dossier difficile, avoue-t-il. Elle représente parfaitement ce qui s’est passé en Tunisie. La solution stratégique serait de lever la mainmise de l’Etat sur la compagnie. Les dépassements sont multiples et nous voulons prendre suffisamment notre temps pour étudier le dossier. C’est le cas aussi de la SNCFT», ajoute-t-il.
Quant à la Compagnie tunisienne de navigation (CTN), il s’agit d’adopter une politique commerciale agressive qui permettra de sauver la saison. Une ligne Tunis – Alger est d’ailleurs planifiée pour inciter les touristes algériens à venir en grand nombre en Tunisie.
A l’aéroport de Monastir, le sit-in continue. Les négociations aussi.
Maintenant, malgré la bonne volonté des uns et des autres, il sera difficile de réaliser, pendant cette période de transition, ces chantiers. Il est clair aussi qu’on est loin d’apporter des solutions d’urgence pour les dossiers les plus épineux ayant été l’objet de corruption à haut niveau. Tout au plus, on espère que des solutions concrètes seront apportées, rapidement, pour une application à moyen terme.