Séisme : l’OCDE divise par 2 la croissance attendue au Japon en 2011, à 0,8%

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économiste Pier Carlo Padoan, le 3 novembre 2010 à Paris (Photo : Eric Piermont)

[21/04/2011 06:13:24] TOKYO (AFP) L’OCDE a réduit de moitié, à 0,8%, sa prévision de croissance en 2011 pour le Japon affecté par un séisme, mais l’organisme a estimé que l’économie nippone croîtrait plus vite que prévu en 2012 grâce aux travaux de reconstruction.

“Le tremblement de terre est survenu au moment où le Japon semblait retrouver le chemin de la croissance après un ralentissement observé à la fin 2010. L’impact immédiat de cet épouvantable désastre devrait être important, au-delà des zones détruites par le séisme et le tsunami” dans le nord-est, explique l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans un rapport sur les conséquences de la catastrophe publié jeudi.

“Cependant, l’expérience des désastres précédents au Japon et dans les pays développés indique que ce choc à court terme sera suivi d’un rebond encouragé par les dépenses de reconstruction”, ajoute-t-elle.

En conséquence, l’OCDE estime que la croissance de la troisième puissance économique mondiale sera limitée à 0,8% en 2011, contre 1,7% attendu précédemment, mais qu’elle atteindra 2,3% en 2012, au lieu de 1,3% envisagé jusque-là.

L’OCDE rappelle que les dommages directs sur les infrastructures et les bâtiments pourraient coûter 25.000 milliards de yens (208 milliards d’euros), selon les évaluations du gouvernement japonais.

Mais elle souligne que “de nombreuses incertitudes” demeurent, comme “la durée de la pénurie de courant, les problèmes de la centrale nucléaire de Fukushima et l’ampleur et le calendrier des dépenses publiques pour la reconstruction”.

L’arrêt d’une douzaine de réacteurs nucléaires depuis le 11 mars a entraîné un déficit d’électricité dans la région de Tokyo, poumon économique du pays fort de 35 millions d’habitants.

L’organisation ajoute que “les dégâts sur les industries du Tohoku (nord-est) ont perturbé les chaînes d’approvisionnement d’industries stratégiques, notamment l’automobile, au Japon et au-delà”.

Nombre de petits fournisseurs du secteur ont vu leurs usines endommagées ou détruites par le séisme de magnitude 9 et le tsunami géant qui a suivi, privant de pièces détachées les constructeurs de véhicules japonais mais aussi étrangers.

Au final, le produit intérieur brut (PIB) du Japon devrait “baisser de façon importante au 2e trimestre 2011, bien que de façon nettement moins grave que le plongeon d’environ 20%, en rythme annuel, observé après la faillite soudaine de la banque américaine Lehman Brothers en septembre 2008”, souligne l’OCDE.

Le PIB devrait ensuite “rebondir fortement à partir du 3e trimestre”, affirme-t-elle, grâce à l’effet conjugué des dépenses publiques de reconstruction, des investissements d’entreprises forcées de remplacer leurs biens détruits et d’une intense construction immobilière destinée à loger les rescapés.

L’OCDE prévient toutefois que “la déflation devrait continuer”, la consommation risquant de rester en-deçà de la production jusqu’à la fin 2012. La baisse des prix au détail, qui résulte de cette différence entre l’offre et la demande, est l’un des principaux freins à l’activité dans le pays.

Après avoir chuté de 6,3% en 2009, du fait de la crise économique mondiale, le PIB de l’archipel a rebondi de 3,9% en 2010, malgré un léger recul au 4e trimestre dû à un fléchissement de la consommation et des exportations.

Dans un rapport publié le 11 avril, le Fonds monétaire international (FMI) a abaissé à 1,4% sa prévision de croissance pour le Japon en 2011, contre 1,6% auparavant, évoquant une “incertitude élevée” depuis le séisme. Il a dans le même temps relevé de 0,3 point sa prévision pour 2012, à 2,1%.