Transformé quasiment en méga-cellule de crise, le ministère de l’Industrie et de la Technologie consacre l’essentiel de ses efforts à régler les nombreux conflits sociaux menant la continuité du service public et affectant la productivité du secteur industriel.
Depuis le 4 mars 2011, date de sa nomination au poste de ministre de l’Industrie et de la Technologie, à la place de Afif Chelbi, Abdelaziz Rassaa est occupé plus à éteindre les nombreux incendies, c’est-à-dire à régler les nombreux problèmes sociaux apparus après la révolution qu’à travailler au développement des différents secteurs dont il a la charge, en vue d’une «répartition juste des richesses du pays» et «d’ouvrir de nouvelles perspectives économiques à tous».
Outre «la réalisation d’un ensemble de projets de développement et la concrétisation des mécanismes susceptibles de créer des emplois supplémentaires dans les zones de développement régional», le principal souci du ministre est de «préserver les 700.000 emplois du secteur» et de garantir «la poursuite des services publics». Ce qui est plus facile à dire qu’à faire.
Cette stratégie «réparatrice» a notamment permis de développer les exportations manufacturières de plus de 11,4% jusqu’à fin mars 2011, note Abdelaziz Rassaa. Mais, avertit le ministre, «ces résultats positifs ne doivent pas occulter les difficultés auxquelles sont confrontées les entreprises du secteur «en raison d’une «situation sécuritaire délicate», des «pressions sociales et de la poursuite des sit-in et des grèves pour réclamer du travail, la titularisation et des augmentations de salaires».
Dans le privé, cette instabilité a déjà contraint une trentaine d’entreprises à arrêter leur production. Dans le public, le ministère de l’Industrie et des Technologies (MIT) est confronté en particulier à un véritable casse-tête à Tunisie Télécom et au sein du Groupe Chimique Tunisien/Compagnie des Phosphates de Gafsa.
Chez l’opérateur historique des télécommunications, un conflit oppose la direction générale et le MIT, d’un côté, et le syndicat de l’entreprise de l’autre, au sujet du sort à réserver aux 65 contractuels engagés -après l’arrivée au capital de Tunisie Télécom d’Emirati International Telecom (EIT)- en vue d’améliorer l’efficience de l’entreprise, notamment dans les domaines commercial et marketing. Une situation qui perturbe le fonctionnement de Tunisie Télécom dont les employés ont déclenché le 12 avril une grève de quarante-huit heures.
Arguant de la «continuité de l’Etat», le ministre n’entend pas remettre en question l’engagement pris par son prédécesseur de se séparer des 65 contractuels. La négociation porte plutôt sur les modalités d’application de ce texte. Et M. Rassaa s’y est impliqué personnellement «en recevant le syndicat au moins à deux reprises».
Au Groupe Chimique Tunisien/Compagnie des Phosphates de Gafsa, les perturbations sont externes qui empêchent pratiquement ces deux entreprises depuis de longues semaines d’honorer leurs engagements, internationaux en particulier. A Metlaoui et à Gabès, plusieurs centaines de jeunes sans emploi, pour la plupart diplômés du supérieur, empêchent le fonctionnement des unités industrielles pour réclamer leur embauche.
«Les efforts menés ont permis une reprise de l’activité à hauteur de 70% de la capacité de production, mais la situation pourrait se dégrader de nouveau aujourd’hui», a annoncé le ministre de l’Industrie et de la Technologie, jeudi 21 avril 2011, lors d’un point de presse. Le pompier «suprême» n’a pas encore droit au repos du guerrier..
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