Il n’a jamais été question de privatiser Tunisair, il s’agit tout juste d’assouplir son management de manière à le rendre plus performant dans un environnement de plus en plus concurrentiel. La direction générale de la compagnie battant pavillon nationale persiste et signe, elle n’a jamais entendu parler de privatisation de Tunisair.
Le message est donc clair. Et les dirigeants de la compagnie aérienne nationale tiennent à préciser à l’occasion que certains propos tenus par le ministre du Transport et de l’Equipement, lors d’une récente conférence de presse, ont été mal interprétées. En effet, Yassine Ibrahim a déclaré que la situation de l’entreprise reste difficile à cause de son «manque de compétitivité et des anciennes pratiques ainsi que de l’interventionnisme de l’ancienne présidence de la République, du ministère de tutelle et même du RCD dans sa gestion et ses choix de gestion. Par conséquent, pour lui assurer un minimum d’efficience et un maximum de résultat, il est impératif que la mainmise de l’Etat sur l’ensemble de ses activités soit levée».
Lors de cette même rencontre avec les représentants des médias, et contrairement à ce qui a été publié sur certains journaux, il n’a jamais été question de salaires astronomiques attribués aux hauts cadres et directeurs de la compagnie.
Il faut reconnaître que les déclarations du ministre du Transport appuient une logique toute commerciale. On ne peut pas réaliser des performances lorsque nous avons les mains liées par des procédures administratives paralysantes et un retour obligatoire aux autorités de tutelle à chaque fois que l’on doit prendre une décision relative à la gestion d’une entreprise quelle qu’elle soit. «Il s’agit tout juste de donner à la compagnie aérienne nationale les moyens et les armes de se défendre dans un environnement très concurrentiel et dans l’attente de l’application des accords concernant l’open sky. Aucune réunion entre la direction et les représentants syndicaux n’a traité de cette question», nous a-t-on affirmé à la direction de la communication.
D’ailleurs, des déclarations récentes du ministre des Finances sont allées dans ce sens: «Il faut que les entreprises publiques évoluant dans un environnement concurrentiel soient gérées différemment, tout comme il faut que les dirigeants de ces entreprises soient rémunérés convenablement afin qu’ils assurent le meilleur rendement et qu’ils jouissent d’un statut respectable face à leurs pairs dans le privé».
Rappelons à ce propos le tollé soulevé il y a plus d’une année lors de la déclaration du salaire du PDG de Tunisair au grand public. Certains sont allés jusqu’à même dire que ceci nuit à l’image de marque de la compagnie et même de la Tunisie au vu de sa modestie par rapport à ses homologues pas loin de chez nous. Car à Tunisair, il faut reconnaître que seuls les PNT et les PNC sont très bien payés. Un commandant de Bord peut même atteindre les 20.000 dinars en brut par mois.
Le besoin se fait aujourd’hui ressentir d’assouplir la gestion de la compagnie aérienne nationale. La politique protectionniste ne lui servira pas à grand-chose, au contraire, elle la mènera à terme à sa perte. Il lui faudrait d’ores et déjà gérer les manques à gagner à cause d’une mauvaise année touristique et du retour des filiales «semi-privatisée» au bercail qui vont engendrer plus de dépenses.
On comprend dès lors que la mission de la commission stratégique pour définir les mécanismes pouvant garantir l’indépendance de la compagnie aérienne vis-à-vis de l’Etat soit essentielle pour la mise en place d’un plan de restructuration qui allie intérêts de la compagnie et préservations de ceux de ses différents personnels.
Sur le long terme et après rénovation de la flotte, il faut mettre en place des stratégies pour la conquête de nouveaux marchés, la signature de nouvelles alliances surtout au niveau du moyen et du long-courrier ainsi que le renforcement des activités de l’entreprise.
Par contre, des responsables signalent que “les accusations portées par certaines personnes et sur certains médias à propos de pratiques de corruption et malversations commises au sein de la compagnie et non étayées par des preuves pourraient nuire sérieusement à l’image de Tunisair, qui a aujourd’hui besoin plus que jamais d’être irréprochable à tous les niveaux. On nous a traités comme si nous n’avions rien à faire que de monter des combines pour spolier la compagnie, nous ne sommes quand même pas des bandits de grand chemin”, a protesté une directrice au sein de la compagnie! .