Le tourisme en Asie plombé par la peur d’un éventuel nuage radioactif japonais

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à Tokyp, le 16 avril 2011 (Photo : Yoshikazu Tsuno)

[24/04/2011 09:32:01] PARIS (AFP) La plupart des pays d’Asie, au premier rang desquels la Chine, subissent par ricochet la désaffection des voyageurs effrayés à l’avance de voir arriver sur leur lieu de vacances un éventuel nuage radioactif en provenance du Japon, lui même déserté par les touristes.

“Du 1er au 15 mars, les prises de commandes sur l’Asie étaient sur une tendance de croissance de 12%. On a terminé à -15%”, résume Jean-Paul Chantraine, patron-fondateur d’Asia, tour-opérateur spécialiste de la destination, après le séisme qui a frappé le Japon le 11 mars.

“Au 20 avril, on est sur une chute de 16% tous pays confondus. Sur la saison été complète, les catastrophes au Japon pourraient se traduire par une baisse de 15 à 20% des réservations”, dit-il à l’AFP.

Si le Japon n’a quasiment plus de touristes, la Chine proche est aussi boudée: “de +8 à 10% début mars, on a fini à -17% à la fin du mois”, dit encore M. Chantraine.

Constat identique chez Voyageurs du Monde (VDM), où son PDG Jean-François Rial, parle d’un repli de 30% pour l’Empire du milieu.

Bien sûr, souligne Michel-Yves Labbé, patron de Directours, spécialiste sur internet des voyages à la carte, 2010 a été une année exceptionnelle l’an dernier grâce à l’exposition de Shanghai mais comparativement à la même période de 2009, “la baisse est de l’ordre de 35%”.

Ailleurs, l’Indonésie souffre aussi, entre -10% et -20% selon les voyagistes même si pour certains Bali devrait s’en sortir.

La Thailande en revanche est sur une tendance positive alors que l’an dernier, le pays avait été affecté par des manifestations politiques à Bangkok.

Le seul pays d’Asie qui tire vraiment profit des événements est l’Inde qui affiche un +30% en réservations, affirme le patron de VDM alors que chez Go Voyages, spécialiste du billet sec, son directeur du développement Frédéric Pillet avance même un +43% ce mois-ci.

“Le marché du long courrier se rétrécit singulièrement!” constate Jean-François Rial entre les révolutions arabes, les pays qui en subissent les contrecoups (Jordanie, Maroc, Liban, Oman…) et la plupart des pays d’Asie boudés par les touristes.

“Que reste-t-il?”, interroge le PDG de VDM. Outre l’Inde, il cite l’Amérique Latine et les Etats-Unis “qui cartonnent” dopés aussi par un taux de change favorable.

Le secrétaire général du Syndicat national des agents de voyages, Jean-Marc Rozé, revient de New York et confirme: “ça parle français à tous les coins de rue”.

Michel-Yves Labbé, qui part la semaine prochaine au Japon rencontrer ses partenaires locaux (agents de voyage, hôteliers, restaurateurs, etc) et étudier la relance de la destination, ne décolère pas.

“S’il y avait un incident de radioactivité à La Hague (Manche), qu’on évacuait les gens sur 20 km et que les Américains ne voulaient pas venir sur la Côte d’Azur qu’est-ce qu’on dirait!”, lâche-t-il.

“Entre Pékin et Fukushima, il doit y avoir à peu près la même distance qu’entre La Hague et Athènes!”, souligne-t-il encore.

“Le voyage, ce doit être du plaisir donc si les gens ont des appréhensions, il ne faut pas les obliger à partir même si la Tunisie, l’Egypte et le Japon sont aujourd’hui des pays où il faut aller en urgence pour des raisons morales”, selon M. Rial.

“Quand on achète un voyage pour dans un, deux ou trois mois, c’est qu’on a confiance dans l’avenir”, souligne M. Rozé qui se désole outre des événements géopolitiques et autres catastrophes des mauvaises nouvelles quotidiennes sur le pouvoir d’achat.

“Les gens n’ont pas la tête à réserver. On va sûrement faire un très mauvais mois d’avil”, avance-t-il.

Pour M. Chantraine, “mars et avril sont des mois de fortes prises de commandes et ce qui n’est pas fait ne se fera pas”.

Les promotions seraient-elles une solution?: Elles “n’achètent pas la peur”, estime le patron de VDM.