En cette période de révolution et d’incertitudes, le Groupe Chimique Tunisien (GCT), entreprise publique spécialisée dans la production et la transformation de phosphate en produits chimiques (acide phosphorique et engrais), a décidé d’agir à trois niveaux : investir 800 millions de dinars, créer 3.500 nouveaux emplois environ qui viendront s’ajouter aux 4.200 existants et conférer à son activité une dimension écologique.
Il s’agit de toute évidence d’une bouffée d’oxygène pour tous les chômeurs des régions qui abritent soient des mines de phosphate (Gafsa, Metlaoui, Mdhilla, Redeyef et Moulares), soit les usines de transformation de ce produit (Sfax, Gabès et Skhira).
Au rayon de l’emploi, le groupe, qui a fait l’objet au lendemain de la révolution du 14 janvier 2011, de sit-in, de blocages des voies de chemin de fer acheminant le phosphate aux usines de transformation, et d’autres manifestations de sans-emploi du bassin minier, a commencé par recruter, au mois de mars dernier, 800 personnes qui seront employées dans les usines d’acide phosphorique de Gabès.
Parallèlement, le GCT va créer une filiale à vocation écologique (boisement, réhabilitation des oasis…). Celle-ci se propose d’employer 2.000 personnes. La création d’une telle société ne manque pas d’enjeux au regard de la dégradation avancée de l’environnement et de la prolifération des maladies cancérigènes générées par les rejets de matières particulièrement polluantes et radioactives telles que le phosphogypse et des métaux lourds (plomb, mercaptan, fluor, SOx, toutes sortes de poussières nocives…).
Au chapitre de l’investissement, deux chantiers sont mis en route. Le premier porte sur la création, dans la zone de Mdilla (sud-ouest de Gafsa) d’une nouvelle usine de production d’acide phosphorique et du triple super phosphate (TSP) phosphate. Cette usine va créer au moins 400 emplois. L’usine dont le coût global s’élève à 330 millions de dinars sera financée à hauteur de 270 millions de dinars par un prêt de la Banque européenne d’investissement (BEI). Le décaissement du crédit a été accéléré depuis mars 2011 tandis que les travaux de réalisation démarreront au mois de juillet prochain.
Le deuxième chantier est achevé. Il concerne la réalisation, à Skhira (sud de Sfax), moyennant un investissement tuniso-indien, d’une usine de production d’engrais destiné à l’exportation. L’usine, exploitée par la société Tunisian Indian Fertilzers, traite 1,5 million de tonnes de phosphate par an.
S’agissant du volet environnemental, deux importants projets sont déjà engagés. Il s’agit de l’assainissement du site Taparura à Sfax. La zone côtière de la ville de Sfax souffre, depuis des années, d’un grave problème de pollution résultant de l’intense activité industrielle de cette région. Le second projet vise à dépolluer le golfe de Gabès. Ce projet concerne l’évacuation et la mise en terril contrôlé des déchets du phosphogypse produit par les usines du Groupe.
Ces projets ont bénéficié également de deux financements fournis par le biais de la Facilité euro-méditerranéenne d’investissement et de Partenariat (FEMIP), mécanisme utilisé par la BEI pour financer son partenariat en Méditerranée.
La BEI contribue au financement de ces deux projets par le biais de deux prêts d’un montant respectif de 34 millions d’euros (Taparura) et de 45 millions d’euros (mise en terril de phosphogypse).