Japon : Son, l’électron libre des télécoms, en guerre contre le nucléaire

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à Tokyo (Photo : Yoshikazu Tsuno)

[25/04/2011 10:47:23] TOKYO (AFP) Le trublion de l’internet nippon, le PDG de Softbank, Masayoshi Son, s’est lancé à corps perdu dans une double campagne humanitaire et antinucléaire, affecté par le drame qui a frappé le Japon le 11 mars et excédé par la réponse des pouvoirs publics.

Ce milliardaire, aussi à l’aise dans les nouvelles technologies que doué pour les montages financiers, a d’abord surpris son monde en donnant 10 milliards de yens (84 millions d’euros) à titre personnel au profit des victimes du séisme et du tsunami qui ont ravagé le nord-est de l’archipel.

“Je suis allé à Fukushima, je n’ai pas de mots pour décrire cette situation”, assure-t-il.

M. Son, 53 ans, qui se répand comme personne sur Twitter, promet en outre de reverser sa rémunération d’administrateur du groupe de télécommunications Softbank jusqu’à son départ en retraite, pour soutenir les centaines d’enfants dont les parents ont été emportés par le tremblement de terre de magnitude 9 et le raz de marée géant qui ont fait quelque 26.000 morts et disparus.

Entrepreneur populaire, il s’est en outre mis en tête de régler leur sort aux centrales nucléaires nippones, reconnaissant ne s’être préoccupé de cette question qu’après l’accident de Fukushima consécutif à la catastrophe naturelle.

“C’est peut-être honteux, mais je n’avais pas conscience du danger avant cette crise”, s’excuse-t-il.

“Il est aujourd’hui plus que jamais nécessaire que chacun de nous réfléchisse à l’énergie nucléaire: comment s’en servir? Est-elle indispensable? La cinquantaine de réacteurs du Japon, âgés, sont-ils vraiment sûrs?”.

Promettant de mettre un milliard de yens (8,4 millions d’euros) sur la table, il s’apprête à créer une organisation prônant l’utilisation d’énergies renouvelables (solaire, éolienne, géothermique…) et la sortie du nucléaire, pour regrouper des scientifiques afin de promouvoir la recherche et faire pression sur le monde politique.

Jugé parfois mégalomane, volontiers provocateur, il en agace plus d’un, bien qu’il ait jusqu’à présent réussi là où certains lui prédisaient un fiasco (reprise de Vodafone Japan, lancement de l’iPhone d’Apple au Japon).

“Sans aucun fondement scientifique, il clame ici et là +danger, danger+, allant jusqu’à qualifier de mensonges les chiffres donnés par les autorités”, s’agace un internaute sous le pseudonyme Hima.

Plusieurs fois par semaine, M. Son, suivi par plus d’un million de personnes sur Twitter, participe à des conférences sur ce thème, diffusées en direct sur internet, enchaînant des dizaines de pages de présentation de documents pour appuyer son discours.

“Yarimasho, yarimasho!” (faisons-le, chiche!”), répond-il à ceux qui lui suggèrent de créer un site communautaire de mesures de radioactivité ou de vendre aux particuliers des instruments de mesure de radiation dans les boutiques Softbank.

Surprenante spéculation, d’aucuns l’imaginent même capable de racheter la compagnie d’électricité Tepco, opérateur de la centrale de Fukushima, dont l’action a fondu de près de 80% depuis le 11 mars.