Les Français ont moins recours aux crédits immobiliers à cause des taux plus élevés

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érienne de Paris (Photo : Boris Horvat)

[27/04/2011 13:51:34] PARIS (AFP) Les Français ont moins recours aux crédits immobiliers depuis le début de l’année, après avoir profité en 2010 des taux d’intérêt les plus bas depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, ce qui commence à inquiéter le secteur.

La demande de crédit immobilier de la part des ménages a connu en effet, au premier trimestre, sa première baisse depuis deux ans, selon l’enquête trimestrielle de la Banque de France qui estime que celle-ci “devrait se poursuivre au deuxième trimestre”.

Cette enquête, publiée mercredi, montre que le solde entre les banques ayant observé une hausse de la demande de crédit à l’habitat et celles ayant constaté une baisse est largement négatif, à -34,4. Ce solde n’avait plus été négatif depuis le premier trimestre 2009.

“Selon les banques, cette baisse résulte principalement de la dégradation des perspectives sur le marché du logement et de la confiance des ménages”, indiquent les auteurs de l’enquête.

Les taux d’intérêt des crédits immobiliers poursuivent en effet leur remontée rapide après avoir atteint en novembre 2010 leur plus bas niveau (3,22% en moyenne) depuis 1945.

Ils se sont établis en moyenne à 3,70% en mars, contre 3,53% en février et 3,47% en janvier, selon une étude de l’Observatoire Crédit Logement/CSA publiée mercredi.

“La hausse des taux d?intérêt n?est pas sans conséquence sur le pouvoir d?achat immobilier des ménages, et ce sont en priorité les plus modestes qui la subissent de plein fouet”, souligne auprès de l’AFP Laurent Vimont, président du réseau d’agences immobilières Century 21.

Pour Laurent Vimont, “entre novembre et aujourd’hui, les ménages ont perdu 6,4% de leur pouvoir d’achat immobilier. Pour emprunter 150.000 euros sur 20 ans, ils doivent justifier d’un revenu mensuel net de 2.784 euros contre 2.607 en novembre. Tous ceux qui ne peuvent présenter ce nouveau niveau de salaire sont exclus du marché”.

La Banque de France relève aussi que “les critères d?octroi des crédits à l?habitat ont été resserrés par une minorité de banques en raison de la hausse de leurs coûts de refinancement”.

Le gouverneur de la Banque de France Christian Noyer s’était inquiété le 29 mars de la faiblesse des marges des banques dans le crédit immobilier, estimant que les établissements bancaires n’étaient “pas très raisonnables” dans leur tarification, favorisant trop les emprunteurs.

“Le réajustement des taux d?ores et déjà observé s?avère ne pas être un facteur de blocage du marché car leur niveau reste favorable à la clientèle puisqu?ils sont comparables à ceux constatés début 2010”, estime toutefois Patrick Lepescheux, directeur général délégué de Crédit Logement, l’organe central de garantie des prêts pour le logement.

Aussi Michel Mouillart, auteur de cette étude, pronostique que le total des crédits immobiliers accordés en 2011 devrait être compris entre 155 et 160 milliards d’euros, pas très loin du chiffre de 2010 (168 mds, +41% par rapport à 2009), ni du record de 2007 (170 mds).

Les emprunteurs, s’ils veulent réaliser leur rêve de devenir propriétaire de leur résidence principale ou secondaire ou d’acheter un logement pour le louer, afin de bénéficier d’avantages fiscaux, doivent désormais emprunter sur une période plus longue.

La durée moyenne des prêts consentis, qui s’était maintenue à 210 mois jusqu’en septembre 2010, a ainsi brutalement grimpé à 217 mois durant le mois de mars, selon Crédit Logement.

Aussi une nouvelle hausse des taux d’ici la fin de l’année, prévue par tous les experts qui diffèrent seulement sur sa vigueur, devrait être compensée, au moins partiellement, par un nouvel allongement des durées d’emprunt, affirme M. Lepescheux.