Fitch Ratings indique, dans un rapport publié récemment, que même si la perspective attribuée au secteur bancaire tunisien est stable, les menaces pesant sur la qualité des actifs sont susceptibles de s’intensifier en 2011. L’agence attribue uniquement des notes de soutien extérieur aux principales banques tunisiennes et celles-ci ne devraient pas changer à court terme. Les notes reposent sur la probabilité de soutien de la part de l’Etat en cas de besoin.
Fitch s’attend à des tensions sur les performances globales des grandes banques tunisiennes en 2011 en raison du ralentissement prévu de l’économie du pays ainsi que de leur importante exposition à des entreprises ou des particuliers liés au régime précédent. Il leur sera sans doute difficile d’améliorer leurs revenus d’exploitation; en effet, les perspectives de croissance des prêts seront limitées en 2011 compte tenu de l’atonie de la demande de crédits et de l’appétence réduite pour le risque de crédit de la part des banques.
La qualité des actifs restera le point faible des banques en 2011. Outre la possible détérioration de la qualité de crédit du secteur des entreprises en général, les grandes banques tunisiennes devront gérer leurs engagements problématiques envers les entreprises liées au précédent régime. Fitch a calculé que ces engagements pourraient représenter au moins 67% des fonds propres de ces banques. Sur ces engagements totaux, les banques n’ont déclaré que 22% de créances non performantes. Cela tient sans doute au fait que les principales entreprises débitrices disposent encore d’une capacité de remboursement de la dette adéquate, selon les banques, à quoi viennent s’ajouter les importantes garanties que les banques détiennent sur ces engagements. Toutefois, la valeur et la liquidité de ces garanties restent discutables, selon Fitch. Les expositions nettes (déduction faite des provisions) envers le précédent régime peuvent aller d’un niveau modéré de 30% des fonds propres (Amen Bank – AB) jusqu’à 93% de ceux-ci (Société Tunisienne de Banque – STB) à fin 2010, selon les estimations de Fitch.
Sur un plan plus positif, les banques détiennent encore d’importants actifs liquides qui devraient leur permettre de faire face aux tensions de liquidité provoquées par le nombre croissant de prêts impayés en 2011. De plus, Fitch estime que la banque centrale tunisienne apporterait son soutien en cas de crise de liquidité.
Fitch ne prévoit pas de modifier les notes de soutien extérieur des grandes banques tunisiennes à court terme. Celles-ci s’établissent actuellement comme suit : STB (‘3’), Banque Nationale Agricole (BNA; ‘3’), Banque de l’Habitat (BH; ‘3’), Banque Internationale Arabe de Tunisie (BIAT; ‘3’) et AB (‘3’). STB, BNA et BH appartiennent toutes trois à l’Etat et cela ne devrait pas changer dans un avenir prévisible. Un recul sensible de la place de BIAT et d’AB dans l’économie locale, également improbable, pourrait se traduire par une moindre volonté de l’Etat à apporter son soutien, entraînant des tensions sur les notes.