500 MDT accordés par la Banque mondiale à la Tunisie, le même montant de la part de la BAD, du jamais vu d’après Mustapha Kamel Ennabli, gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, qui s’est exprimé lors d’un rendez-vous de presse vendredi 29 avril.
Un signe de confiance? Peut-être. Toujours est-il que ces fonds pourraient soutenir la relance économique du pays dont la situation reste quelque peu «délicate pour ne pas tomber dans la dramatisation …». Il n’est pas dit que la capacité d’assurer une croissance minimale pour satisfaire les exigences à court terme en matière d’emploi soit garantie.
Depuis le 14 janvier, nous avons assisté à la destruction des capacités de production de nombre d’entreprises saccagées, des conflits sociaux qui continuent, des entrepreneurs sceptiques et en manque de visibilité, des consommateurs en attente et une demande en baisse. Une situation qui incite à l’attentisme et qui n’est certes pas pour l’amélioration du paysage économique dans le pays.
Depuis le début de l’année, on a observé une baisse dans certains cas et dans d’autres, une stabilité des dépôts auprès des banques, ce qui ne les a toutefois pas empêchées d’accorder des crédits au secteur économique. +3,7% depuis le mois de janvier 2011, en 2010 ils avaient augmenté de 3,9%, la baisse n’est donc pas très importante au vu de la conjoncture que vit le pays.
Les transferts des TRE en baisse significative
Les transferts des Tunisiens résident à l’étranger (TRE) ont, contre toute attente, régressé, une baisse de 12% soit 530 MDT sur les trois premiers mois de l’année. «J’en suis moi-même étonné, car d’habitude nos compatriotes vivant à l’étranger ont tendance à augmenter leurs aides à leurs familles dans pareilles circonstances», a indiqué le gouverneur de la BCT.
La BCT a d’ailleurs appelé les banques à soutenir les entreprises solvables, soit en leur accordant des prêts ou en rééchelonnant leurs dettes en promettant sa couverture. Il a été procédé à la baisse des réserves obligatoires et à l’augmentation des financements des banques. Le secteur bancaire, pour se développer, dépend néanmoins de la croissance économique: «si l’économie est en difficulté, les entreprises seront incapables de rembourser leurs prêts dans les délais, ce qui engendrerait un manque au niveau des approvisionnements bancaires et se répercuterait sur leurs capacités à financer le circuit économique». Une circulaire a été adressée par la BCT aux banques pour les inciter à refinancer les entreprises.
Dans ce tableau pas très reluisant, restent deux indices positifs: la relance des exportations manufacturières, malgré une baisse significative des produits de phosphate en raison des conflits sociaux et une année agricole qui serait bonne selon certains indicateurs.
Ce qu’il faut, et tout de suite, c’est un plan de relance rapide pour injecter des revenus dans l’économie et compenser les paiements car la balance commerciale continue à se détériorer: «Nous allons également perdre une partie de nos réserves en devises, d’où l’importance de mobiliser les ressources supplémentaires de financement de qualité et de coût relativement acceptables».
Mais il y a des facteurs d’égale importance pour la relance économique, ceux relatifs aux décideurs eux-mêmes ainsi qu’aux PDG des banques, terrorisés aujourd’hui à l’idée de prendre de «mauvaises décisions» qui les mèneraient au devant d’interrogatoires et de questionnements. Ces décideurs, soumis à des pressions, qui ont dû, pour une raison ou une autre, approuver certaines décisions devraient, s’ils n’ont pas commis de crimes ou d’actes graves, être rassurés sur leur présent et leur avenir. Ces décideurs se trouvent dans tous les circuits. On a même récemment entendu parler d’un PDG d’une banque importante qui aurait été empêché de partir à l’étranger. Il est grand temps que l’Etat sorte de son mutisme et rassure ses hauts fonctionnaires, son entrepreneuriat et ses élites, car il s’agit avant tout de reprendre confiance dans le système.
D’autre part, les pouvoirs publics, même s’ils sont transitoires, doivent, comme l’a déclaré le Premier ministre Béji Caïd Essebsi, lors de sa première conférence de presse, renforcer l’autorité de l’Etat. Car la prépondérance de l’Etat est aujourd’hui supplantée par celle de la légitimité révolutionnaire. Et tous ces sit-in, manifestations injustifiées, actes de vandalisme perpétrés contre des entreprises privées ou publiques doivent être sanctionnées. En Egypte, la position de l’armée a été claire: il n’est plus permis de s’adonner à des pratiques qui menacent la stabilité économique du pays. Personne n’investit dans un climat où il n’y a ni stabilité ni sécurité, et ceci est aujourd’hui dans les cordes du gouvernement en place en Tunisie.
D’autre part, l’urgence est à la relance par l’Etat d’un plus grand nombre de projets dans les infrastructures et l’industrie. L’agriculture devrait également bénéficier d’une grande partie des investissements étatiques, car partout et à travers tout le territoire national, il existe des terrains agricoles qui ont besoin de financements et de main-d’œuvre.
Le maintien des équilibres économiques est prioritaire, sinon c’est le processus démocratique lui-même qui sera menacé.