Nous avons rencontré beaucoup de représentants des nouveaux partis politiques
qui se comptent aujourd’hui par dizaines dans la Tunisie de l’après 14 janvier.
Aux dernières nouvelles, ils ne sont pas moins de 114 à avoir présenté leur
demande et 51 à avoir reçu leur visa et, à part de rarissimes exceptions, ils
semblent tous comme à la recherche d’une identité, d’une âme et d’un discours!
Malgré le fait qu’en tant que journalistes, nous les invitions à se faire
connaître, à présenter leur obédience et leur programme, à médiatiser leur
bureau fondateur et même à faire passer leur sigle… il fallait les relancer
encore et encore par des dizaines de coups de fil avant de parvenir à ce qui, en
vérité, constitue leur pur bénéfice.
Mais les choses ne s’arrêtent pas là, quand ils nous font enfin l’honneur de
leur rencontre, la majorité vient sans préparation, sans message clair, même
s’ils ont une foule de papiers où on peut lire les statuts, les buts, le
programme… comme s’ils n’avaient jamais entendu parler du vocable
“COMMUNICATION“!.
Le plus bizarre, c’est qu’ils auraient pu beaucoup apprendre des télévisions et
de l’Internet alors que la communication politique va de la simple constatation
de ce que font les autres partis politiques partout dans le monde à d’immenses
ressources d’apprentissage théorique sur l’art et la manière de se présenter au
public et de lui présenter un discours cohérent. Car la séduction politique
n’est plus de la magie alors que l’heure des grands tribuns qui parviennent à
émouvoir et à tenir les foules est passée. Elle s’apprend, se répète comme on
répèterait une pièce de théâtre, s’affine pour aller à l’essentiel: la voix de
l’électeur!
Et le fait que les Tunisiens ne soient pas encore habitués aux pratiques
démocratiques, cela ne change rien à l’affaire; dorénavant il faut trimer,
préparer ce que l’on va dire et même les gestes qui vont avec, aller sur le
terrain, accepter l’adoption comme le déni…
Que le financement ne soit pas encore clair ne change également rien à la
situation: si on vous invite, préparez-vous, c’est tout!
Les paroles sont des actes aussi, ne l’oublions pas! D’ailleurs, certains l’ont
compris, ils ont réussi leur métamorphose et font évoluer leur stratégie, par
exemple R. Ghannouchi et Chebbi qui sont passés du stade parole-acte au stade
acte-acte, déjà vers les électeurs!