Le petit Adam Ghribi était en 8ème année… Il avait donc à peine 14 ans…il allait
à l’école comme tous les gosses de son âge, au Collège de Ghraba du côté de Sfax
justement. Adam a eu, jeudi dernier, une crise cardiaque pendant les courts au
collège. Les autorités du collège ont appelé une ambulance qui n’est jamais
arrivée au collège … Devinez pourquoi? La GP1, par laquelle devait passer
l’ambulance pour arriver à la Ghraba, était coupée par un dispositif de
manifestants qui protestent contre… on ne sait pas exactement!
Mais le fait est là, Adam est mort parce qu’on n’a pas pu le sauver. Adam est
mort parce que quelques énergumènes qui se prennent pour les plus grands
révolutionnaires de l’histoire ont cru que couper la route est un moyen légitime
de combat contre «l’ennemi»…
Nous devons sérieusement nous arrêter maintenant un instant et nous poser les
questions obligatoires sur les nécessités de cette période de transition dite
pompeusement démocratique.
La police ne veut pas agir, pour nous faire avouer que nous avons besoin d’elle
et pour ne pas prêter le flanc à tous les défenseurs des droits de l’homme en
mal de combat. Les malfrats circulent en toute liberté volant, agressant,
cassant, incendiant, et personne n’arrive à les arrêter. Des apprentis sorciers
se prennent pour les nouveaux Che et nous inventent tous les jours des motifs de
barrage, de sit-in, des manifs, sans compter ceux qui ouvrent les prisons pour
sortir les quelques bandits qu’on a mis un temps fou à mettre sous verrous.
Cette République de l’anarchie, même si elle était prévisible après des années
de dictature, est une aberration. Une mobilisation générale s’impose pour tous
les acteurs politiques et sociaux afin de faire comprendre aux gens qui n’ont
pas l’habitude de la vie démocratique les limites de cette liberté chèrement
acquise par notre peuple au prix de la vie et du sang de nos martyrs et des
souffrances de milliers de victimes de 55 ans de dictature destourienne.
Les partis politiques, les associations, les vieux et les plus respectés de
chaque famille, doivent annoncer par voie de journaux, de radios, de
télévisions, d’Internet, d’affiches, de discussions dans les cafés, que la
liberté est d’abord le respect des autres avant tout et que, aussi légitimes
qu’elles peuvent l’être, elles n’autorisent absolument pas de porter atteinte à
la liberté, à la vie ou à l’intégrité physique et morale des autres…
Ces appels et ces prises de position doivent passer en boucle à longueur de
journée sur les radios et les télés, et un travail de terrain doit être fait par
les associations et toutes les ligues de défense de la révolution partout dans
le pays pour qu’aucun autre Adam ne meure à cause d’une ambulance arrêtée par un
sit-in…