occasion du 1er mai (Photo : Patricia de Melo Moreira) |
[01/05/2011 18:10:53] LISBONNE (AFP) En pleine négociation du plan d’aide financière demandé par le Portugal à l’UE et au FMI, les traditionnelles manifestations du 1er mai offraient dimanche l’occasion aux syndicats de sonner la mobilisation, avant l’annonce imminente de nouvelles mesures d’austérité.
Ce plan de sauvetage, qui doit être conclu d’ici à la mi-mai et pourrait s’élever à 80 milliards d’euros, imposera sans doute des sacrifices supplémentaires aux Portugais, déjà soumis depuis l’an dernier à une rigueur budgétaire de plus en plus sévère.
Comme chaque année, les deux principales confédérations syndicales portugaises, la CGTP et l’UGT, organisaient leur propre défilé. A quelques rues de distance, des milliers de manifestants se sont mis en marche en milieu d’après-midi, peu avant que la pluie se mette à tomber.
Première centrale du pays, la CGTP comptait mobiliser à elle seule 60.000 à 80.000 personnes, mais ces chiffres semblaient nettement optimistes, a constaté l’AFP en début de manifestation.
Pancarte “FMI hors d’ici” en main, Joana Viana, une étudiante de 22 ans, s’emporte contre le Fonds monétaire international, qu’elle accuse de vouloir “appauvrir les gens pour renflouer les banques, alors que la situation est déjà si difficile”.
“C’est un 1er mai différent à cause des mesures que le FMI va nous obliger à prendre”, dit également à l’AFP Fernando Nogueira. A 50 ans, cet employé de la poste craint surtout “de nouvelles coupes salariales et la hausse du chômage”, qui atteignait fin 2010 un niveau record de 11,1%.
Chargée de négocier avec les autorités portugaises les conditions du plan d’aide au Portugal, une mission de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne et du FMI est à pied d’oeuvre depuis le 12 avril et devrait, selon la presse, dévoiler ses conclusions cette semaine.
En échange de leur aide, l’UE et le FMI exigent un “programme d’ajustement” comprenant des mesures d’austérité “ambitieuses” et des réformes structurelles, que les principaux partis politiques devront s’engager à appliquer au-delà des élections législatives anticipées du 5 juin.
En attendant de connaître la potion de la mission internationale, la presse locale énumérait ces derniers jours les mesures qu’elle pourrait imposer: nouvelle hausse de la TVA, réduction des pensions et des allocations chômage, privatisations, réformes du marché du travail et du système judiciaire.
“Le plan de sauvetage du Portugal sera très dur, mais c’est peut-être notre dernière chance de réformer un pays qui agonise sans affronter les problèmes”, résumait samedi l’hebdomadaire Expresso.
En dépit des discours de pré-campagne électorale et d’une grogne sociale qui s’annonce grandissante, avec une grève des fonctionnaires prévue dès vendredi, “les Portugais ont déjà compris que la marge de manoeuvre du prochain gouvernement est très réduite”, soulignait son directeur Ricardo Costa.
Malgré les mesures d’austérité adoptées l’an dernier, le déficit portugais s’est établi à 9,1% du PIB et la dette publique s’est alourdie à 160 milliards d’euros (93% du PIB).
Désavoué par le Parlement qui a rejeté son quatrième programme d’austérité en un an, le Premier ministre socialiste José Socrates a démissionné fin mars.
Face à la pression accrue des marchés, qui s’inquiètent de la solvabilité du pays, il a ensuite dû faire appel à une aide extérieure, comme la Grèce et l’Irlande l’an dernier. La conclusion d’un accord d’ici à la mi-mai est cruciale pour le Portugal, qui doit rembourser 5 milliards d’euros de dette le 15 juin.