Qui aurait cru qu’on arriverait un jour à demander aux chefs d’entreprise de
jouer un rôle dans un plan national de lutte anti-corruption?
Concrètement, cela veut dire adoption de politiques anti-corruption dans la
droite ligne des mesures préconisées dans la Convention de l’ONU contre la
corruption: établissement d’un mécanisme d’examen de l’intégrité; investissement
dans le renforcement de l’intégrité publique et investissement dans des
mécanismes de lutte anti-corruption sur l’ensemble de la chaîne commerciale.
Mais pourquoi Youri Fedotov, chef de l’Office des Nations unies contre la drogue
et le crime (ONUDC), a-t-il fait cette proposition justement aujourd’hui? A
cause (ou grâce) à la Tunisie, pardi!
C’est clair dans l’affirmation faite devant le fameux G20: “Les récents
événements au Moyen-Orient ont démontré que la corruption a le pouvoir de
bouleverser les fondamentaux d’une société. Même dans les régions où la paix et
la prospérité prévalent, la corruption est un lourd fardeau“.
Une autre révolution à compter au crédit de la Révolution tunisienne qui
contribue ainsi à la “maturité démocratique“ dans notre région; là où la lutte
contre la corruption est un facteur capital. Mais pas seulement…
Un universitaire tunisien reconnu de Paris-Sorbonne, de Harvard et même du FMI,
Lotfi Makhlouf, souligne qu’il faut également faire très attention au chômage
qui ne fait que s’accroître, à la concentration de la richesse dans la zone
côtière, aux graves lésions subies par l’administration, à la pertinence de
l’information…
“Il ne suffit pas d’annoncer une ‘Conférence des donateurs’ ou un ‘Plan
Marshall’, c’est aux Tunisiens de sensibiliser les décideurs occidentaux à un
plan de relance cohérent et mobilisateur“, ajoute-il. Et pour y parvenir, il
faut commencer par montrer patte blanche en engageant tout le monde, à commencer
par le secteur privé, dans des questions jadis relevant du seul fait de l’Etat:
la lutte anti-corruption.